4 JÎ- V O Y A G E S
r70.fr raes nôtre route à la rame , la Riv ie re étant
*4- jutil te. étroite, & les bords couverts de rofeaux. Nous
trouvâmes nôtre Gabare à un vverfte de la Mer
C a fp ien n e , où nous nous arrêtâmes. Le Pilote
s’avança cependant vers la M e r , pour fonder
les Bancs de fable, où i f ne trouva que j_
paumes d’eau * mais comme l è v e n t , quiétoi-t
S u d , donnoit directement dans la R iv iè r e *
l ’eau ne pouvoir pas manquer dehauffer bientôt.
Il y retourna fur les 5 .heures , & trouva,
qu’elle étoit hauifée de deux paumes -, deforte
que comme nôtre Barque n’en prenoit que
h u i t , nous efperâmes de pouvoir paffer par-
deffus les fables dans deux ou trois heures de
tems. Nous jettâmes les filets à l ’eau en a t ten
d ant , èc p rîmes aifez de p e r che s , & quelques
é c re v ic e s . J ’allay enfuite à ter re , dans.
l ’efpérance d’y trouver du g ib ie r , en m’avançant
vers la Mer y mais je fus bien-tôt o b l ig é
de retourner â bord , à caufe que le pars eflz
for t marécageux & remply de rofeaux. J ’y
trouvay des papillons d’une beauté extraordin
a i r e , rouges en dehors, & blancs marquet-
te z par-deifous. Sur les. 9. heures.du io i r , o n
mi t â terre tout ce que les PaiTagers avoiene
de plus le g e r ; & lorfque nous fûmes p a rv e nus
à l ’Embouchure de la Riv ie re * nous l à
trouvâmes fort étroite., la terre s’y a v ançant
en plufieursendroits, à droite & â gauche
*
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 453;
che , outre qu’ il y a plufieurs Bancs de fable
à l ’entrée de la Mer , qui font marquez par
des branches d’arbres , au lieu de Balifes.
L a nuit étant furvenuc , il fallut nous a r - ;
r ê t e r , jufqu’â la pointe du jour du q u in z ié - ;
m e , que nous levâmes l'ancre pour traverfer'
les fables, fur lefquels nous échouâmes : mais
nous revînmes bien-, tôt à f lo t , après avoir dé--
chargé quelques ballots dans la Gabare. N ous
y donnâmes cependant une fécondé fois , 6c
fûmes ob lig ez de nous fervir encore de la Gabare
, pour met tre les marchandifes 8c tout le
monde à terre. Gomme noüs avions un Ventr
dè Nord très- favorable, nous fûmes bien- tôt
en Mer. Le feiziéme au mat in, la Gabare v in t
nous retrouver j ave c nos marchandifes & nos
Paifagers. Nous avions encore un Banc de fable
à paifer, 6c une grande Ille à g a u ch e , entre
nous & la pleine Me r , Après r a v o i r cô t
o y é e , nous trouvâmes ce dernier Banc , contre
lequel nous eûmes encore le malheur de1
donner I mais nous remontâmes bien- tôt fur
l ’eau. Etant parvenus à une braife Sc demie
de profondeur , nous reprîmes les marchandifes
, & les Paifagers, quié toient dansla Gaba
re , & la renvoyâmes à Aftracan , avec une
Let tre que j ’écrivis au Gouverneur..
Sur le midy nous apperçûmes,â eôtêde nous,
quatre Montagnes, que les RuiEens nomment
les.
Montagnes- -Q
rouges.
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