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„ été brûlée. Après l’avoir traverfée, ils pour*
3J fuivirent leur chemin , avec beaucoup de:
„ peine ôc de difficulté, leurs chameaux n’en;
„ pouvoient plus, Ôc la foibleffe où ils étoient
y, ne leur permettoit pas de fuivre le refte de
„ la Caravane ; ôc pour furcroit d’accable-
„ ment , les provifions diminuoient à vûë:
d’oeil , ôc ne confiftoient plus qu’en un
„ certain nombre ,de boeufs maigre s , qui ne
„ fuivoient qu’à pe ine, ôc qui ne pouvoient
,, fuffire pour un il grand nombre de per-
, , Tonnes » d’autant qu’on ne Te charge gué-
,, res de pain ôc d’autres provifions , parce.
„ que les Marchands ont befoin de leurs bê*
,, tes pour le tranfport de leurs marchandi-
,, Tes , ôc qu’il leur coûteroit trop d’em*;
, , ployer des chameaux pour celui de leur
yy nourriture.
„ T o u t c e la , bien confidéré , ôc voyant
y, qu’il falloit encore dix ou douze jours pour
„p a r v e n i r à Argum ,, fur les Frontières , on
„ commença à ionger à ménager les provi-
„ fions qui reftoient , ôc à faire le calcul:
„ de celles que chaque troupe en pouvoir:
,, avoir , pour en faire une jufte diftribu~
» t ion* ï , k S
,, ils parvinrent enfin , le dix-huitieme de
„ ce mois , après bien des traverfes , ôc des,
yy difficultez prefque infurmontables, à la Ri-
, , viere.
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 40.3
y, viere de (jany (a) qu’ils traverférent , les
„ e a u x en étant fort baffes, ôc trouvèrent de
„ bonne herbe de l’ autre côté. Monfieur l ’En-
„ voyé réfolut de s’y arrêter trois jours pour
„ fe remettre , Sc y feroit même refté plus
„ long-tems, fi les Marchands, les Cofaques
y, ôc lesconduèbeurs de la Caravane, qui com-
„ mençoient à manquer de to u t , ne lui euf-
„ fent reprefenté le trifte. état où ils étoient
„ réduits, en lui difant qu’ils étoient obligez
•„ de faire bouillir le fang des boeufs qu’ils
„ tuoient ,pour en faire une efpece de foye ,
„ qui leur fervoit au lieu de. pain ; que d’au-,
,, très prenoient.les peaux de ces .animaux ôc
„ les coupoient , après en avoir ôté le poil ,
-„ ôc les. grilloient pour leur fubfiftance. En-
:„ fin , qu’il s’en trouvoit même qui fe fer-
, , voient de leurs entrailles, ôc qu’on feroit
:„ réduit à la fin à l’affreufe néceffité d’ imiter
„ l e s G affres ôc les Hottentots, en mangeant de
„ la chair cruë , avec'les excréments.
(a) C’efl: la Riviere d 'X r -
g u s j qui fortant d’un grand
‘L a c , qui eil a l ’extrémité
Septentrionale du grand
Defert de Gobée, va fe jetter
dans le Fleuve d'X m u r ,
à quelques lieues d'A r g um
Comme elle paife auprès de
Gan , l ’Auteur lui donne
icy le nom de cette Ville.
i ¿94.
1 8. M*rS.
E e e ij C h a -