A r r iv é e lu r
]a Frontiere
de Tartarie.
Grand De-
fert de Tax-
tarie.
„p ro ch e de la fameufe Muraille , qui fépare-
,, l’ Empire de la Chine , de la Tar tar ie ; Il s "a-..
„ v an ç a de-là vers la Riyierp de N am , ôc en-
„ fuite fur la Frontiere de la Tar tar ie , juf -
„ qu’au grand D e f e r t , dont on a déjà parlé-.
„ I l s’y arrêta quelques jo u r s , afin de fe pourv
o i r des choies neceifaires pour la cont i-
„n u a t io n de fon v o y a g e , ayant été d é f ray e
„ ju fq u e s - là , aux dépens du R o y de la Chine ;
„m a i s on ne 1,eft plus , dès qu’on eft parvenu
„ a u pais -d 'A r g u n Frontiere des Etats de Sa
„ Majefté C z a r ien n e , de ce côté-là. Comme
„ ce Miniftre n ’ign o ro i t pas c e la , il avoit eu
„ foin de fe pourvoir de chameaux ôc de mu.-
„ l e t s à Pe{tng, où ils font à bon marché.
„ Ce t te précaution ne fut pas inutile ; car
„ il auroit été bien embarailé,s’il eut fait fonds
„ f u r ie nombre.des chameaux ôc des chevaux,
„ qu’ il avoir laiftez à Nuna, dont la meilleur :
„ re partie c r e v a en fon abfen.ce , faute de bon
„ fourage.
,, Le vingt -deuxième Février , i l régala l e
}>Mandarin, qui l ’a vo it accompagné jufques-
„ l à , parordre.duRoy fon ma î tre , ôcprit con-
„ gé de lui ôc d e c euxqui é tpient à fa fuite. Le
„ v in g t - f ix iéme , il entra dans le grand B e -
„ f e r t , & a r r iv a , deux jours après, à Targaji-
y,nia , fur la petite Riv ie r e ¿ti falo , où il n’y
„ a v a i t encore guéres d’herbe à ia campagne^
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 397
, , fa faifon étant peu avancée. Il s’y repofa i<r9 4 *
„ q u e lq u e - tems , ôc y fut ave r ty de fe tenir ^ tei/mr.
„ bien fur fes gardes dans le D e f e i t , auxen-
„ virons de la R iv ie r e de Sadun , ôc de Kallar,
X} ©ù près de 3000. Mongoles l ’attendoient au
„ paifage. Il prit toutes les précautions neeeffaires
pour n’être pas furpris , ôc fit patroüil-
,, 1er toute la nuit foixante hommes a ch e v a i ,
„ .b ien a rme z , autour de la Carav ane. Auflî
„ ne fut-elle pas a t ta q u é e , Ôc il cont inua fon
y, v o y a g e le lendemain. Lors qu’ il fut parve-
y> nu aux Montagnes de falijcb ,. il n’y trouva
„p r e fq u e point de fou ra g e , ôc les t ra v e r fa le
,3 jour fu iv a n t , par un grand froid ,a c comp a -
„ .gn é de beaucoup de neige , qui fit foufffir
„ in f in im en t les chameaux ôc les c h e v a u x , !
,, qui n’ avoient , pour toute nourriture, que de
„ l ’herbe féche ôc flétrie. Il c o n fu l ta , en, cet
^ e n d ro i t , s’ il fuivroi t la route ordinaire , ou
, , s’il feroit un détour , pour é vi te r les-Tarta-
„ res qui l’attendoient au paifage. On pr i t
„ c e dernier party , quoy que très-difficile à
„ exécuter., ôc fur-tout à l ’égard des bêtes de
„ fomme.
,, Il fallut traverfer de hautes Montagnes , s&uvais
„ ôc de profonds Marécages j en fuivant ce chemins,
„ c h em in - l i , pendant quinze jours. Il per-
,, dit,dès lepremier ,douze chameaux-ôc quin-
„ ze c h e v a u x , ôc à proportion dans la fu i te ,