'»o V o y a g e s
17017 de la grandeur de nos dindons , 8e d’un beau
19. Ottobre. plumage. Les mâles font ordinairement d’un
n o i r , mêlé d’un bleu fort enfoncé , 8c les fe melles
plus petites 8e marquetées de gris. Les
lièvres n’y abondent pas moins 8e ne fe v en dent
que quatre fols la pièce. Ils font blancs
en hy ver,8c les lapins noirs. Les bécaifes y va-
lent deux ou trois fols la pièce. On y a auiïï
beaucoup de canards , 8c ent r ’autres une ef-
pece , que l’on'nomme Gagares, qui ont le v o l
très - rapid e , 8c s’é lèvent fort haut. Ils font
un bruit en v o l a n t , qui reffemble allez à la
v o ix humaine. Ils nagent avec autant de rapidité
qu’ ils v o len t ; mais ils ne fauroient courir
, parce que les pieds leur fortent du corps
par derrière.
Rivieres L e poiffon abonde dans les rivieres. Il s’y
en°poiflbn.S trouve tant de perches, qu’on peut en régaler
v in g t perfonnes pour une v in g ta in e de
fols. Les meilleures font lesKAroetfe, qui font
les plus petites , mais d’un goût exquis , 8c
que j e ne croy pas qu’on trouve en nôtre païs -,
ôc par cette raifon j ’en ay confervé dans de
l ’efprit de vin. Elles font à peu près faites
comme les rougets, brunes, ôc avec des écailles
luifantes. Le brochet y eft fort commun,
auffi-bien que de petites anguilles délicieu-
fes.' Il y a beaucoup d’épe r lans , de goujons,
<de rou g e t s , de me r lan s , de ca r re le ts , ôc un
ô e C o r n e i l l e l e B r u y n T J ï
poiffon brun , qu’ ils nomment Garius , d ’un. ï j o t ï
goût admirable, ôc à peu près de-la grandeur OM r t.
dumerlus. T o u t ce poiffon feprend à quatre
lieuës de la V i l le , dans un certain Goiphe,
que forme la r iv ie r e , ôc où l ’eau eft dormante.
Il feroit inutile de parler du faumon, que
tout le monde fçait qu’on en vo y é d’ic y , fallé
ôc fumé , de touscôte z . Il s’en trouve aufïî de
>. b la n c , que les Mofcovi te s n ommen tMeelma,
qui fe prend fur les Côtes de laL ap p on ie , ôc
qu’on fait fécher avant que de le tranfporter.
J ’en ay vû un , qui reifembloit aïïez à de la
raye , ôc qui avoit deux pieds par derrière ,
qu’ils nomment Pafcis{aet. On lui trouve aufïï
dans le corps deux efpeces de fouris , nomm
é e sM i s i j i } ôc une huile dont on fe fert dans
la Médecine.
La viande de boucherie y abonde de même. La viande;
O n y v end le meilleur boeuf du monde à un
fol la livre ; un a gne au, d’environ d ix femai -
nes , quinze fols ; un veau du même â g e ,
trente à quarante fols , félon les faifons. Tout
le monde y nourrit des dindons. On y a quatre
ou cinq poulets , ou une o y e , pour fe p tà
huit fols. La biere y eft très-bonne ; mais il
n eft pas permis d’en v e n d r e , ni même d’en
braffer , fans la permiifion du Grand D u c ,
qu on accorde pour une certaine fomme annuelle.
Cependant les habitants en peuvent
G. ij braffer;