1701^ gis féparé. Le grand Char iot s’ arrêta J pour,
16. janvier, faire p la c e , ayant de la peine à paiTer, a eau**
fe de fa hauteur , 6c ne pouvant tourne r , par-’
ce que le chemin étoit trop étroit. Sur ces en*
trefaites le jeune P rince Cza r ien defcendit de
ch e v a l , 8c fe mit à côté du C h a r io t , où il relia
jufques à ce qu'il entrât ; ce qu'il ne put
faire fans que l ’ impériale en demeurât attachée
au haut de la porte. Enfuite de c e la , le
Pr ince traverfa la Cour du P a la is , ôc l ’Impératrice
fort it de fon C h a r io t , ôc monta l ’e f -
calier à droite. Les Etrangers ôc leurs femmes
s’y rendirent auflï. On y relia à peu près comme
le jour précédent. Le troiliéme & le dernier
jour , on réfolut de s’habiller à l'Aile-;
mande ; 8c tout le monde le fit , à la réferye
de quelques Dames Ruffiennes. On fe rendit
ainfi , eneore une f o i s , chez les Nouveaux
M a r ie z , mais féparément. Les hommes Scies
femmes s’y mirent à table enfemble , comme
parmy n ous , Sc on danfa après le repas , a la
fa t is fai lion du C z a r , 6c de tous les C o n v ie z .1
Ain f i finit cet te cérémonie, que j ’ay crû qu’on
ne feroit pas fâché de l i r e , à canfe de fa fin-
gularité.
t.Février. Le deuxième F é v r ie r , on amena dans des
traîneaux, une partie des prifonniers Suédois,
dont on a parlé. Le quatrième on v in t mepren-
dre pour me conduire auprès de Sa Majelle V
qui
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 89
qui étoit au Palais du Prince de Menfikof, fon
grand Favory. Ce Palais fe nomme Semeuno/ir
kie, nom d’un V i l la g e â une demy-lieuë de la
SUbode. J ’y trouvay Sa Majellé occupée à faire
l ’épreuve de quelques pompes â éteindre lé
f e u , nouvellement arrivées de Hollande. Ce
Prince m’ayant apperçû me fit approche r , 6c
rentra dans le Palais. Wt&s, ave^ bien <-uù des cho-,
Jès, me dit-il , & cependant je doute que <uous en
itye% jamais aju une Çemblable a. celle qu on nsa ojous
montrer. Il ordonna en même-tems à un pauv
re Ruiïien , qu’on avoit fait venir exprès ,
d ’ouvr ir fon habit . Je frémis en le vo y an t . Il
â vo i t une excrelfence au-deifus du n omb r i l ,
à peu près de la longueur de là m a in , 6c g ro f -
fe de.quatre pouces , par où fortoit toute la
nourriture qu’ il prenoit ; 6c ce pauvre mifé-
r a b le , qui étoit alors âgé de t ren te -c inq ans ,
a voit v é cu neuf ans en cet état. Ce malheur
a vo it été caufé par un coup de co u te a u , qui
a vo i t tellement irrité l’endroit dupaifage o r dinaire
, qu’on n’ avoit pu. y apporter de re-
mede. J ’avoüay franchement que je n’avois
jamais rien vu de femblable ; mais je dis que
je connoifTois un h omme , qui rendoit les aliments
par la bouche , dont caPr ince ne parut
pas moins furpris. i l fit enfuite preifer l’excref-
fence de ce pauvre homme , pour me faire
mieux connoître la nature de fon ma l , 6c tout
Tom. III. M , ce
1 70 1 .
2. Février.
L ’ Auteur
p a rc ît devant
le
C za r .
Mal extraordinaire.