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 14.  M ay . 
 M or t  d’un  
 Arménien. 
 B o u len t  de  
 fes  compatr 
 io te s . 
 l e u r s   C é rémonies  
 Funèbres. 
 Soldats  ,  qu’on  de voit   tranfporter  à  ydjbph  6C  
 a il leur s ,  8c  nous en  partîmes avant  midy. On  
 ne  v o i t   de  la  Riv ie re  que les Tours  &   le haut  
 des  Eglifies,  le  Fauxbourg  étant  entre-deux. 
 Lorfque nous  fûmes de retout   à  notre  Barq 
 u e ,  nous trouvâmes  le malade au même état*  
 où nous l ’ avions laiffé,8c il mourut fur les trois-  
 heures.  C e la   nous  furpr i t ,  l ’ayant   v û   à terre  
 en parfaite  fan té lan u i tp r é c éd en te .  Seseom-   
 pagnons en marquèrent une douleur fenf ible*  
 8c  le  couv r irent   d’une toile  de  coton  ,  qu’ils  
 lui  attachèrent  autour des jambe s ,   lui mirent   
 un  liv re   fur  la  tê te ,   une  croix fur  l ’ef tomac*   
 8c de l ’encens à.la tête .Enfuite  deux d’e n t r ê u x   
 fe  mirent  à  lire  dans  un  l iv re   pendant   deux:  
 heures  de  terns;, 8c  on  lui  prépara  cep end ant   
 un l in c eu l ,  une chemife  8c un  calleçon de  toile  
 n euv e . Ce la   fait-,,  fes  domeftiques  a l lè r en t   
 chercher  un l ieu  p ropre  à  le mettre en  terre..  
 A v a n t   de  l ’y   p o r te r , on  lut  8c  on  chanta une  
 fécondé  fois  à  côté  du  corps.  Lors qu’ i l  fut  ai  
 t e r r e ,   on  le  dépoui lla,  8con lu i la v a   la  tête *  
 puis  tout  le  corps  ,  qu’on  pofa  fur  une  planc 
 h e ,  8c  on  lui mit   fon  calleçon  8c  fa  chemife  
 neuv e , 8c une croix autour du col,,qui lui tom-   
 b o i t   fur Teftomac ; un chapelet à la main d roit 
 e ,   8c  un  pet it   cierge à la gauche.  Enfuite ils  
 lui mirent  des  emplâtres ou  des  linges  fur les.  
 y e u x * fu r  la  bouche 8c  fur  les  o r e i l le s ,  8c  lu i 
 c ro ifé - 
 u e   C o r n e i l l e   l e   B r u y n .  2 .6 7   
 «croifiérent  les  bras.  Gela  fa i t ,   ils  l ’envelopé-   
 -rent  dans  un  l in c e u l ,  8c  le  poférent  fur-  un  
 brancard  couve r t  d’un  tapis.  Ils  le portèrent  
 ainfi en Proceiïion fur le haut de la Montagne;  
 o ù  on  lui a vo it   fait   une foife ; 8c puis  on  fe remi 
 t   à  chanter   8c  à  lire.  Les  Arméniens  lui  
 a y a n t  baifé  le  front  l ’un  après  l ’autre ,  le mi r 
 en t   en  terre  ,  8c  je t térent   chacun  une  p o i g 
 n é e   de  fable  fur  lu i ,  en  faifant le ligne de la  
 c ro ix   ,  8c  quelques  autres  cérémonies.  Enfin  
 on  remplit  fa  foife  de  terre  8c  de  pierres  ,  8c  
 puis  on  mit   près  de  fa  tête  une  grande  croix  
 de  b o is ,   8c  trois  petites  en traysérs,  lvune  fur  
 l ’autre ; puis on je t ta   de greffes  pierres  fur  la  
 foife ,  8c  de  la poudre à canon à l ’en tour , fans  
 oublier  un  cierge  à  la  tête.  Ces  cérémonies  
 étant   f in ie s ,  ils baiférent l’un  après  l ’autre la  
 pierre la plus é le v é e , 8c b rûlèrent  l’encens .qui  
 é toi t   deffus.  Ils mirent  le  feu  à la poudre ,  6c  
 puis  donnèrent  un pet it   verre d’eau-de -v ie   à  
 chacun  des  afliftans.  Tous   ceux de nôtre Barque  
 fe  trouvèrent   à  cet te  c é r émo n ie , 8c  plu-  
 ireurs ne pûrent s’empêcher de mêler leurs larmes  
 à  celles  des  Armén ien s , pour un homme  
 que nous avions y û  en parfaite fanté quelques  
 heures  auparavant.  Il fie  nommoit   Pierre  A r -  
 changel,6c étoit  habitant d’ lfpahan,où fa femme  
 8c fes enfans l’attendoient avec impatience.. 
 Ce t te  Montagne , qu ie f l  féparée des autres; 
 L l i j   é to i t 
 1703!. 
 1 4 .   Mayi