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1-701. quatrième f o r t e , qu’on nomme Kora{îe, dm
,1 i.Stftemb. p a y s qu’ ils h ab i ten t , qui v iv e n t aufli comme
le s Samoïedes. A ceux-.cy on peut joindre une
autre efpece., nommez Soegtjie,.qui fe fendent '
les jo u e s , de y fourent des arêtes de N a rw a l
pour en confgrver la c i c a t r i c e , qui leur fert
d'ornement. Les hommes-, parmy eux , fe la v
en t de l’ eau de leurs femmes , ôc c e l le s -cy
de celle de leurs maris, Ils paflent ponr de
très-méchantes .canailles, 8c font fort habiles,
■à c e qu’on d i t , dans la Ma g ie . Ils s’en vanten t
aufli, 8c portent toujours fur eux les oflements
.de leurs peres ,, pour s’ en fervîr à cet ufage.
.Ce qu’ il y a de plus extraordinaire e f t , qu’ils
•fervent le Diable , 8c qu’ils proftituënt aux
V o y a g eu r s , leurs femmes & leurs f i l le s , ne
c ro y an t pas pouvoir mieux remplir les devoirs
.Errafige ci- .de l ’hofpitalité. Quelle différence entre les
yillté- moeurs de ces peuples-là , & celles des Européens!
Le R u i ï ien , qui m apprit toutes ces p ar" -
ticularit.ez , me dit en co r e , qu après c inq ou
ifix femaines de v o y a g é au-delà du p a ïs , où hab
i ten t ces peuples-là, il en avoit trouve une
fixiéme fo r te , vers les Côtes de la me r , nom-
pie? Ldfaue- Soegtfie,c eft-à-dire,SoegtJiescouchants,
¿ ’autant qu’ils ¿emeurent couchez ou aflis
¿ans leurs tentes pendant tout 1 h y v e r , com-
rne des ours ou des renards dans leurs tanie -
Ce? ttiftes demeures font faites de peaux
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 41
de N a rw a l , 8c font couvertes de neige pen- 1701.
dant cinq mois de l ’année. Ils y font provifion $$$&**»&
de ce poiffon qu’ ils fechent * 8c n ’en fortent
qu’au Printems. On dit qu’il y a quelques années
que les Samoïedes de ce p a ïs - c y , t rouv è rent
le fécret de bleffer le bétail des Mo fco v i -
tes, d’une pointe de fer d é lié e , entre les p e t i tes
côtes , ou dans les oreilles , dont ces pauvres
animaux mouroient après avoir larvguy
quelque- tems, 8c ceux-cy en p rofitoient. C e la
ayant été d é co u v e r t , 011 en faifit pluf ieurs,
q u ’on fit pendre , lés uns par les jambes ,. 8c
les autres par les côtes, pour fervir d’exemple.
Nonobf tant cela, ils recommencèrent de nouveau
l ’h y v e r paf fé,& on les fit enfermer; mais
ils trouvèrent moyen de fe fa u v e r , ne laiffant
après eux qu’un pet it e n fa n t , que le Gouverneur
de la Province a gardé , & fait baptifer
à la Ruflîenne.
J’ appris encore là , pendant le féjour que N o u v e lle
j ’y fis , qu’ il n ’y avoit què fept ans qu’on avoit 1 e’
découver t , au côté Septentrional de la Chine,
une Ifle qui avoit été foumife à l ’obéïflance
du C zar de Mo fco v ie , bien qu’ il faille plus
d’ un an pour s’y rendre de Mofcovv ; qu’elle
abondoit en Martes Zibel ines 8c autres
Pelleteries , fans qu’on fçût encore fi elle
ne produifoit point d’autres chofes eftima-
bles ; & que les peuples qui l ’habitent ref-
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