il fallut abandonner cet o u v r a g e , les portes
des Eclufes ne pouv ant réfifter à la v io lenc e
des eaux, qui tombent des Montagnes de tems
en tems. Outre que le ter rain, qui eft deifous
la fuperficie de la terre , eft il pierreux & même
il rempli de roche v i v e en plufieurs en droits:,
qu on n’ y peut pénétrer. T o u t cela a
ob lig é l'Entrepreneur à fe défífter dé fon en-
creprife , pour pré v en ir le chagr in qu’il en
auro i t pu recevoir»
Nous étions ar r ivez prés de cet e n d r o i t ,
en fuivant le cours de l ’eau ôc avec nos ra meurs,
fansprefque nous fer v i t de nôtre v o i le
, §c nôus avions fait env iron i zo. l/^ructJIcs,
en v in g t -q u a t r e heures- Le dix- fépt iéme au
m a t in , nous traverfames la R iv iè r e de c£oblo~
clea ÿ à ïo.rvrverfies de la derniere V i l le où nous
avions paiTé,ôt nous y rencontrâmes une grande
Barque du C z a r , qui v en o i t d?Af tracan,
Sur les onze heures , nous eûmes une v i o lente
tempe te , qui v eno i t des Monta gne s ,
& nous fumes ob l ig e z d’emplo ye r deux hommes
a chaque rame , qui a vo ient bien dé la
p e ine a enipc cher la Barque d’aller toucher
d e l autre c o t4 d e laR iv ie r e où elle é to i tp ouf -
fee par le v en t . Nous fûmes même ob l ig e z
de 1 attacher à des arbres , qui étbient dans 1 eau au pied des Montagnes f mais le tems s’étant
éclairci une heure après, nous cont inuâmes
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' %-j ï
nies nôrre.route , 6c trouvâmes à gauche la 1703.
grande I f le , nommée jdlindu' Loekd. La Monta - •
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gne avance tellement en pointe vers cet te LoekajIfle.
I i le , que le paifage y eft fort étroit. Un coup
de v en t nous je t ta contre terre peu après;mais
nôtre Barque ne futpas long-tems â remonter
fur l ’eau. La tempête augmentant toujours ,
par un v en t d’E f t ,. accompagné de beaucoup
de p lu y e , nous fûmes nous mettre â L’abri des
Montagnes ,, 6c attachâmes une fécondé fois
nôtre Barque à des arbres. E n fu i t e , nous allâmes
à terre dans laCh alou pe , la Barque n ’en
pouvant approcher: faute d’eau. On y fit bon
f e u , pour préparer la cuifine. Pendant que les
autres y. étoient oc cupez , je montay fur lai
Monta gne , pour y chercher, des fleurs & des,
herbes -, mais tout y étoit brûlé 6c flétri. Outre
cela il fa i fo i t fi grand v e n t , qu’on avoit
de la peine â fe foutenir , 6c c e la m’oblig ea à
m ’en retourner au plus vite.. Je trouvay en:
chemin ,, fur les herbes ôc fur les plantes flétries
du r i v a g e , des papillons , bleuxpar-deV-
hors , 6c d’un gris bleu marqueté par-deiTous.,
J ’en pris, un , ôc quelques autres de différentes
couleur s , que j ’emportay , à caufe de leur:
beau co lo r is , 6c de leur Angularité».
Le tems cont inua de m ême , avec un grand-
f r o id , jufques fur les huit heures du f o i r , que
le v ent baiffa 6c nous d e v in t fa v o rab le . Nous,
appareil