1- Maj.
iUaetma.
“Moruma.
* 4 4 V O Y A C E S
s ’é le v au n y en t cont ra ire , fi v iolent , que nous
eûmes bien de la peine à nous empêcher de
donner contre terre -, nous y touchâmes même
une fois , mais on remit bien-tôt la Barque à
flot. Sur le foir nous arrivâmes à un grand V i l la
g e , f ituéfur une M o n ta g n e ,. endefcendanc
vers la Riv ie r e . Le deuxième au m a t in , nous
arrivâmes â AUetma ,. 60. njaterftes au-delà de
Kafiemof. C e t t e V i l le eft fur le haut d’une Montagne
8c s’ étend aifez avant dans les terres ,
de for te qu’on ne fa u r o i t la v o i r ent ièrement
de déifias, la Riv ie r e . Elle eft aifez grande% 8c
a huit Eglifes- 8z quelques maifons fur le r iv
a g e , à gauche ..Elle e i l auih entouree.de plufieurs
Villages,ôe de q.uelques bois,fort agréa-:
bles , des deux çôtez^Nous t rouvâmesenfui-
te plufieurs Vil la g e s 8c une grande Prairie
remplie de bétaiL, 8c. au-delà un Golphe que
fo rme la R iv ie r e 8c qui coule à travers le s
Prairies , près d’un V i l la g e fitué au pied d’une
Montagne.. La Riv ie r e eil fort large en cet
e n d r o i t , 8c le r iv a g e rempli d’ arbres des deux
coter . Nous y vîme s vo le r une quantité p ro-
digieufe d ’oyes. Le troifiéme au matin ,nous
paifâmes â côté de Moruma , V i l l e .fituée fur
une M o n t a g n e ,e n defcendant v e r s laR iv ie -
re. Elle eft aifez grande &: a fept Egli fes de
pierres , & plufieurs autres de bois. On dit
«u’on y trouve le meilleur pain de toute, la
^ 3 Ruf l ïe ,
© E C O R N E I L E E E B:RÜYN. ,*4 J
Ruflïe. Cet te V i l le eft habitée par des Ruf-
fïens 8c des Tartares. C ’eft-là que commen?
cent les Tartares de Mordua. En pourfuivant
nôtre rou te , nous vîmes encore desVillag.es
8c des terres inon dé e s , la Riv ie r e étant fort
large en cet endroit. Un de ces V i l ïa g e s ê to i t
aupied d’une Montagne , qui s’étend quelques-
lieues au-delà. Le terrain.en eft. fablonneux ,
8c fi rempli de pierres , qu’on a de la peine à
y aborder. Nous y vîmes un homme , qui fai-
foit cont inuellement des lignes de c r o ix , 8c
fe courbait de tems en tems j.ufqu’ à terre. Nos
Rulliens Payant apperçû allèrent à lui avec la
C h a lo u p e , lui porter ce que chacun lui-avoir
donné , 8c entr’autres quelques pains : c ’étoit
un pauvreiMandiant . U n peu plus lo in , nous
vîmes encore trois femmes de même , a v e c
leurs enfants, aufquelles nous donnâmes auili
l'aumône.,iCes pauvres gens-là , qui demeurent
dans les Montagnes , ne.voyent pas p lutôt
paroître une Barque , qu’ils t ie fcendent
pour demander la charité. Nous paifâmes en-
fui te de vant des .Montagnes aifez élevées, 8c
q u i étoient couvertes d ’une belle v e rdure ,,
quoy qu’il n’y e u t aucun arbre. Commenous-
rencontrâmes quelque-tems après un Kabuki,.
nous a llâmes ! terre,dans l ’efpérance d’ y t ro u v
e r de labiereimais il n’y en a v o i tp a s deb on -
a e , 8c nous eûmes bien de la peine à regagner
nôtre;
1703 ;
}. Mai.
Mandiants.