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11. J u i ll e t *
Pcche ou
Soude»
45-o V o y a g e s.
m’y endormis , fans fonger à mon reiéau à
mouche s , dont j,e ne croyois pas encore a v o ir
befoin. Mais je fus bien-tôt réveillé f par la.
piqûre de ces infeëtes, qui ne me donnèrent
aucun repos^ Nous continuâmes nôtre rou te ,
à la pointe du jour,, le r f ^ g e étant aifez uny
& remply d'arbres. Sur les iept heures , nous
vîme s le Monaftére de S. Jean à nôtre droite |>
Si un peu au-delà , une lüe dans la Riv ie r e
Sc de grands oifeaux. A onze heures , nous
paffâmes devant une Bonde , ou lieu deiliné à
la pêche , où les habitans de Niejha, qui l ’a -
vo ien t A f fe rmé e , faifoient faller lepoifïbnj Sc
il y a v o i t , vis-à-vis,un Corps-de-garde é le v é ,
remply de Soldats,pour avoir l ’oeil fur les V a i f -
fe au x , qui montent laR iv ie r e . La Riv ie r e e i t
aifez étroite , en quelques endroits de ce quart
ie r - là , à caufe des Iiles , autour defquel-
les elle fe divi fe en pluileurs branches. Nous.
t ro u v âme s 1, à une lieuë d e - l à u n feco.nct
Corps -de-garde , dans une Ifle , o ù i l y a quatre
petites Mo n ta gn e s , environ à 60. werftes;
d’Aitracan. La R iv ie r e eft fermée d’une Barricade
en cet endroit ,. ave c une ouverture;
femblable à une Eclufe , pour laifTer paffer les;
VaiiFeaux. Sur les deux h eu r e s , nous pourfui1-
vîmes nôtre route , en t irant du côté du Sud,
au lieu que le cours de la Riv ie r e nous a v o ir
porté à l’Eft, j-ufques en c e t endroit. C omme:
d e C o r n e i l l e l e B r u y n .' 451
me nous nous trouvâmes à fix heures du foir
près de la Mer Cafpienne , qui n’ eft qu’à 17.
jieuës d’Aftracan, (a) je fortis de laBarque, ôc
je cong édia y les Soldats , qui m’avoient accomp
a g n e z , en les chargeant d’une Lettre
pour le Gouverneur de cette Place. Nous cou*-
châmes cet te nuit , pour la première fois *
dans nôtre Vai i feau, ôt je n’oubliay pas de me
couv r ir de mon. r e fe a u , fans quoy les mouches
ne permet traient pas de dormir , comme
i l a été dit. Il s’eft même trouvé desperfon-
nes {qui font mortes de leurs piqûres. Un
ch ien dechaife , que j ’a vo is , en fut tellement
incommo d é , qu’i l fe je t ta dans la R i v i e r e ,
dont on eut de lapeine à le retirer ; enfuite de
qu o y je fus obligé de le prendre fous mon re-
feau , où il dormit tranquilement.
Le quatorzième, au mat in, nous pourfuivîr
L l l ij mes
(a) Oleariusne met que
douze lieues d’Aftracan à la
.Mer Cafpienne. Ce qui
trompe icy les Voyageurs,
c ’eft que le Wolga entre
dans cette Mer , par plu-
fieurs Embouchures , qui
font inégalement éloignées
de la Ville que je viens de
nommer. Ce Fleuve forme,
depuis Aftracan jufquesàla
Mer,un grand nombre d’Ifles
, que Struys, 8c quelques
autres Auteurs, prennent
pour les Iiles de la
Mer même. C’eft entre ces
Iiles que les Ruffiens ont
fait un grand nombre de
Parcs, avec des pieux, pour
la Pêche de l ’Eturgeon; 011
en peut voir la defcription,
8c la .figure, dans le Chap.
16. du Tom. 2. du même
Struys.