P R E F A C E .
moeurs St les coutumes des Peuples qui v iv en t fous le Gouvernement
de ce puiflant Monarque : les grands changements
que ce Prince a faits, & plufieurs autres particulari-
t e z , qui n’étoient jamais parvenues à, la connoiifance de
ceux qui ont écrit avant moy.
I l en-eft, à peu près, de même de la Perfe, St des fupër-
bes Ruines de l ’ancien Palais de Perfepolis, dont plufieurs
Voyageurs ont donné des R elations St desDefcriptions au
P u b lic , fans avoir examiné les chofes avec l ’attention re-
quife ; auffi tiennent-elles bien plus du Roman que de la
v é r ité , & d’une connoiifance parfaite de ces belles A n t iq
u ite z , qu’on ne peut aquerir fans peine St fans une application
toute pa rticu lière, au défaut de laquelle on ne fau-
roitmanquer de tomber dans l ’erreur St d’y jetter les autres.
Pietro délia Valle', St Don Gardas de Sth/a de Figueroa ,
Ambafladeur d ’EJpagne à la Cour d’^Abas I. R o y de Perfe,
o n t été les p remiers, qui ayent parlé avec quelque folidité
de ces fameufes Ruïnes.Cependantil paroît évidemment,
par la Relation du Voyage du premier , St par celle de
l ’Ambalfade de l ’autre,qu’ils n ’ont pas.fait alfez de féjour à
chelminar -, pour en examiner à fon d s , St bien tracer toutes
les A n tiq u ite z , 8t ce qui s’y trouve de plus curieux. C ela
é tan t, on nedoitpas s’étonner qu’ils en ayentparlé très-
iu p e rfic ie llem en t, & même quelquefois à la volée. I l paroît
néanmoins, par les Remarques du favant Ifaac VoJJius,
fur Pomponius Mêla, qu’il avoit defleiii de fe fervir de la Re-
lation de Don Gardas de S ilva, St des écrits des A n c ie n s ,
pour juger du rapport qui fe trouve entre la Defcription
qu’ils fon t de l ’ancien Palais de Perfepolis, 8t les Ruines de
chelminar, fi la mort ne l ’eût prévenu. Au refle, on ne s’arrêtera
pas ic y à éplucher les fautes que ces Auteurs ont
commifes, de crainte qu’on ne nous accufe de vouloir
nous élever fur leur R u in e , St de tâcher de donner du re l
ie f à nôtre R e la tio n , en décriant celles des autres. Les
perfonnes éclairées en pourront juger en les comparant
enfemble; St par cette r a ifo n ,o n ajoutera Amplement,
qu’outre qu’ils n ’ont pas demeuré aifez de tems fur les
l ie u x , pour faire une defcription juite St bien détaillée de
cey
P R E F Ç E .
ces fuperbes 8t nombreufes Mafures, ils n’ont peut-être
pas eu aufli les lumières St les qualitez requifes pour juger
fainement de ces fortes de chofes.
Quant à m o i, qui me fuis propofé un autre b u t , 8t qui
n ’ay entrepris ce Voyage que dans la vu e d’examiner à
fonds ces belles Antiquitez ; lès difficultez qui s’y font
rencontrées , St les dangers aufquels il a fallu s’expofer
pour cela, n ’o n tfa it que m ’animer, au lieu de me rebuter.
Je m’y fuis appliqué avec une attention toute particulière,
Stn’ay ép argn én y foin ny peine pour en venir à bout St
donner au P u b lic , St fur tout aux perfonnes éclairées,
toute la fatisfaâion po flib le, félon mes petites lumières.
Je me fuis fait de plus une lo i indifpenfable de ne m ’éloi-
gner en aucune m aniéré de la v é r i té , pour donner du lu-
ilre St de l ’é c la t à ma Relation ,-fur laquelle on peut faire
fo n d s , St fur la fincerité des faits que je rapporte. Je ne
prétends pas non plus me faire un mérite des dépenfes extraordinaires
que j ’ay faites pour cela , Stpour orner ce
Voyage St en faciliter l ’intelligence. On eh pourra juger
par le nombre St la beauté des Tailles-douces, dont il eit
r em p ly , St qui font exécutées avec toute la.juftelTe St la
propreté poflible. Aufli puis-je aflurer que j ’ay defliné de
ma propre main , St d’après n a tu re , .toutes les Planches
que je donne au Public , fans mefe rv ir des lumières qu’on
pourroit tirer des anciens Au teu r s , qui ont é c ritfur le fu-
je t de Perfepolis St de fes A n tiq u ite z , St fansy rien a jouter
ou diminuer ydeforte qu’on peut s’aflurer que le tout e ll
con forme aux Originaux qui fe trouvent fur les lieux.
C epend ant, comme je n’ay pas la vanité de me c roire
in fa illib le ., .j’ay eu la précaution de communiquer mon
Ouvrage a des perfonnes.éclairées St capablesdéjuger de
tout ce qui regarde l ’Antiquité , lefquelles ont approuvé
mes Eftampes 8t mes Defcriptions, St jugé que j ’avoismis
dans tout leur jour des chofes s qui avoient croupi depuis
plus de deux mille ans dans l ’oblcurité., St rendu en c e la
un feryice cônfiderableiaux Curieux, Les m êmes perfonnes
, que leur modeffie ne me permetpas de nommer, ont
aufli eu la b onté , a ma requifition , de conférer mes Eftampes