H 4 V o y a g e s
i 70 3. homme avoit écrit à Tes gens de nous bien trai-
*rp F é v r i e r , ter , & de nous fournir des ch e v au x , & toutes
les chofes dont nous aurions befoin. Nous y
laiiTâmes les rouës de nos chariots,pour mieux
a v a n c e r , 8c avec moins de ch e v aux , la gelée,
8t la ne ig e ayant fort racommodé les che mins
, qui font impraticables dans des tems
humides 8c pluvieux. Après avoir demeuré
env iron une heure en cet endroit , nous en
p ar t îme s , ave c les chevaux qu’on nous four-?
n i t , 8c nous continuâmes nôtre route. A trois
heures après-midy du même jo u r , nous arrivâmes
â un V i l la g e nommé PodajJincke, où nous
prîmes quelques rafraîchiflements. Il n e i -
g e o i t , ‘8c lè v en t 8c la gelée cont inuoient toujours.
A y a n t encore changé de chevaux fur le
fo i r , nous traverfâmes pluiïeurs Vi l la g e sp en -
Nikole Sa- d a n t l a n u i t , 8c la v i l le de Nikole Saraisks, qui
eft aifez paifable. Ge ne fût pourtant pas fans
difficulté , â caufe du grand nombre de Paï-
fans, qui l ’avoient remplie de traîneaux, pour
fe rendre de-lâ à Mo fcow avec leurs denrées.
Le vingt - troif iéme au mat in , étant a vance z
jufqu’â 410. <vrverftef, nous pourfuivîmes n ô tre
chemin avec des chevaux frais , jufqu’à
Grodno, où nous arrivâmes à 9. heures , fans
nous y arrêter. Nous trouvâmes la R iv i ç r e
d’Occa j , à 8, ryruerjles au-de là , 8c fûmes qitelx
»e C o r n e i l l e l e B r u y n .' 2 .1 5
qùê-tems à la traverfer. (a ) Il fallut paffier
enfuite une haute montagne efearpée , où il
n ’y avoit qu’un chemin étroit à la gauche de
la Riv ie re . Nous rencontrâme s , en montant,
quelques traîneaux,qui nous obligèrent à nous
arrêter pour les laiiTer paffier , ce qu’ils ne
pouvoient faire que fur le penchant de la
montagne , le chemin étant trop étroit pour
marcher à côté de nous. Celui qu’ ils prirent
c to i t même fi mauvais, fi efearpé , 8c fi rem-
ply degrolfes pier res, que les chevaux & les
^traîneaux y étoient fort expofez , la plupart
des chevaux allant à l ’avanture fans C o n d u c teurs.
Il s’éleva de plus quelques difputes en-
t r ’éux 8c nos domeftiques, jufques-Ià qu’ il y
«eut quelques coups donnez , fur ce que les
tins n’avoient pas fait place aifez à tems aux
autres. Plufieurs de ces Conducteurs étant
y v r e s , animèrent ceux qui é to ien t déjà d e s cendus
, 8c les firent remonter après n o u s , au
nombre de v in g t . J ’étois couché dans mon
iraîneau lors qu’on m’en aver tit . J ’en fortis
B auilî-
( a. ) L ’ Occa, Riviere de
, par Ca^igorod 8c
Mofcovie, prend fa fource
vers les Frontières des Tar-
tares de Precops , d’où paf-
fant à Rorotin, Çolluga , Cof-
Jird , Columna , 8t Rhrfan ,
elle coule du côté du Septentrion
Muron ; &c après avoir reçu
les Rivières de Mofcha, de
Clefma, & quelques autres,
elle fe jette dans le Wolga,
près de la Ville de Ni%j-No-
yoororod*
1703.'
13. Février*
Grande dificu
lté .