\<)6 V o y a g e s
1703. te V i l le eft à l ’Oüeft de la Riv ie r e de Ve ro -
9. Février. n is} dont elle porte le nom. La Citadelle eft
L a C itad e l- p autre côté , & on s’y rend par un grand
Pont de commu n ica t ion , parce que les Foffez
fontremplis d e l ’eaude la r iv ie r e , dont le C a - '
nal eft à prefent un peu éloigné. C ’eft un bât
iment quarré , qui a des tours aux quatre
coins , 8c beaucoup de grands appartements,
& qui paroît beaucoup par-dehors. Les fables,
des Dunes rempliffent tellement la n ouv e l le
r i v i e r e , qu’elle n’ef tpas .navigable, & que les
vaifleaux font oblig ez de palier par la v ie i lle -
La Citadelle eft le p rincipal Ma g a z in , 8c c ’eft
auffi le nom qu’on lui donne. Il y avoir plus
de 1 jo. pièces de canon d ed an s , à la vérité
la meilleure partie fans affûts,pour être tranf-
por tez félon l ’exigence des cas. Ce t te C i t a delle
eft garnie de palliffades en pluiieurs endroits,
8c pourvûë d’une affez bonne Garni-
fon , auflï-bien que les environs de la vi lle ,
Les Chan- pour s’oppôfer aux incuriîons des T art ares. Les
conftruc-tla Chantiers,pour la conf tru&ion des V aiffeaux,
tion.des font à côté de la Ci tadelle , au lieu qu’on les
Vaiffeaux. pa^ 0j t autrefois par tout. Le Ma g a z in eft de
l ’autre côté. C ’eft un grand bâtiment à troi-s
é ta g e s , dont les deux premiers font de pierre
, 8c le troifiéme 8c le plus élevé , de bois. Il
a pluiieurs appartements,remplis de toutes les
chofes néceffaires pour la Marine*, chaque forte
DE C o R N E I L L É LE B r ü Y N . 197
te dans un endroit particulier , jufques aux
habits , 8c tout c c qu’ il faut aux Matelots. La
m a i fo n ,o ù l ’on travaille aux V o i le s , eft à côté
de ce Ma g az in . On compte qu’ il y a près
de dix mille perfonnes dans cette V i l le & aux
environs. On vo i t aulfi deux ou trois V i l la ges
dans la Plaine;
Le dixième , j ’aliay chercher un lieu propre
à faire le Defféin de la V i l le . Je choilis
pour cela l ’endroit le plus élevé d’une mont
a g n e , qui n’en eft éloignée que de deux vver-
ftes, au Sud-Oiieft. J ’y commençay mon ou-
v ra g e * mais je ne pus le cont inue r , le froid
8c le v ent étant trop violents . J ’y retournay
le lendemain a p ie d , afin de m’échaufer un
peu en ch em in , 8c je me fis accompagner de
mon va le t 8c de trois MatelotsduComte-ÀmL-
r a l , pour empêcher les Rufïiens, que lacur io-
fîté y pourroit a t t i re r , d’approcher de moy.
Je leur ordonnay de fe pourvoir d’une g rande
natte , de quelques b â ton s , d’une hache ,
& d’une bêche pour creufer un trou en ter re ,
ou je me puffe placer commodément. Lors
qu il fut fait , je me couvris par derrière de
la natte , pour être moins expofé au vent . Af -
iis de cette maniéré , on me v o y o i t fa c i le ment
de la V i l le 8c le long de la r iviere. Je
n y fus pas long-tems aulh fans être découv
e r t . Deux Charpentiers de Vaiffeaux An -
g lo i s ,
1703;
I Ô. F
Nombre des
habi taDtsde
la Ville 8c
des environs.,