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"]iiil Ut.
Seconde
tempête.
l ’attachant le mieux qu’il nous fut poflîble ;
& comme l ’air étoit remply d’un gros nuage
de fable , chacun tâchoit de fe mettre a l’a-
bry j les uns derrière un bâtiment brifé, qui
avoit fait naufrage, les autres dedans. Cette
tempête durajufques au foir, que nous retendîmes
nôtre tente , &c retirâmes à peine nos
ballots du fable, fous lequel ils étoient enfe-
velis. Le vingt-cinquième , quelques Marchands,
qui avoient été douze jours fur cette
Côte , prirent le chemin deSamachi, par un
très-beau tems ; mais nous fûmes obligez d’attendre
l’ arrivée du Douanier, auquel i ffaut
payer les droits avant que de partir delà. Ils
fe montent à 44. fols par ballot , & chaque
ballot pefe 400. livres, charge ordinaire d’un
cheval. Ce jo u r - là , l’orage recommença,
avec tant de violence , qu’on avoir bien de
la peine à fe foûtenir fur le rivage , & même
nous fûmes obligez de gagner l'autre côté des
Dunes à 300. pas de la Mer , où nous pafla-
mes la nuit. L’ équipage d’un bâtiment, appartenant
â Sa Majefté Czarienne, s’y étoit
aufli retiré fous quelques huttes. Il s’y trouva
deux Allemands &c un prifonnier Suédois, qui
me firent prefent de deux oifeaux , que les
RuiTiens nomment Kdravvajekf, & qui reflem-
blent allez à de jeunes hérons, hors qu’ils ont.
le ^plumage noir ou d’un bleu fort enfoncé.
Comme
E)*E C o r NE I L I E L E B r u YN .' 477»
Comme ces Meilleurs me venoient voir tous
les jours ,- ils m’apportèrent auifi une gruë
blanche, d’une grandeur &c d’une beauté extraordinaire.
La tempête continua, toute la nuit , & le.
Doüanier,, qui arriva le vingt-fixiéme, nous
permit de paifer outre, après, avoir, vifité nos*
ballots. Nous partîmes le lendemain avec
plus de 100. chameaux, 10.. chevaux & trois,
ânes, en côtoyant toujours la Mer , dontnous-
trouvâmés par tout Le rivage au même étatj,
que l’endroit où nous avions, tant fouffert par
la tempête. Nous traverfâmes les quatre petites
Rivières de Samoetjia, Balballa, éulboelaetsjct,
& Mordvva^ e n avançant vers le Sud.. Qn
trouve fur ce rivage de gros animaux, avec
de petites, têtes, qu’on y nomme, chiens Ma-*-
rins„parmy lefquels il y en a d’aufli grands,
que des chevaux , & la peau eaeft excellente.
pour couvrir des cofFres. Dans la faifon où fes
animaux-là s’accouplent, on en voit des milliers
fur le rivage de hüjd^unjaey. Après avoir,
fait quatre lieuës, nous allâmes nous repofer
dans une Plaine au- delà des Dunes , à une
demy-lieuë. du Village de dMordonjaj , habité
par des Arabes , qui ont de méchantes cabanes
de terre , comme les Tartares, dont on a parlé.
Moràonjnj, veut dire Murais \ aufli ce Vil- •
liage eft-il fort marécageux, à caufe des eaux