1703.'
Jo- M a y .
Sqn portrait.
'3 0 0 V O Ÿ A G E S
C z a r , qui étoit en guerre avec la Suc dé , ne
voulut pas laiifer paffer ce Miniftre par ces
Eftats, 8c le fit même arrêter , de forte qu’il
avoit été retenu trois ans en Mofcovie.Il avoit
environ foixante perfonnes à fa fuite, 8e étoit,
parti de Mofcow quelques jours avant moy.
Il me reçût fort honnêtement , affis fur fon
Sofa, à la manière de l’Orient, 8c me fit donner
dit caffé 8c du ycttllabnàbat, qui eft une liqueur
blanche fort agréable , compofée de fu-
cre 8c d’eau de rbfes. C ’étoit un homme de
bonne mine 8c fort affable. Il avoit des mou-
ftaches jufques aux oreilles , 8c la barbe lui
pendoit bien un quart d’aulne au-deffbus du
menton,qui étoit rafé. Son turban étoit blanc,
8c fon Kaftan ou fa vefte , attachée autour du
corps avec une ceinture de tiffu d’or ; 8c il
avoit. un beau Gansjar au coté droit. Il fumoir
d’un Kaljan à la Perfane, 8c avoit deux dome-
ftiques à fes cotez. Celui qui etoit a fa droite
, étoit armé d’un grand fabre, dont le pommeau
fortoit d’un fachet rouge. Ce Miniftre
me demanda, en difeourant, fi je voulois,faire
le voyage d’Ifpahan avec lui, dont je m ex.-
eufay.
Je rendis vifite enfuite à Mr. V^vigne, homme
de mérite, 8c au Capitaine JSvagenaer,.qui
Hietoit venu voir à mon arrivée. Mr. Vligne
me mena promener fur la Riyiere dans une
Barque
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ’ 301
Barque à vingt-quatre rames , conduite par 17037
quarante-quatre Soldats, accompagnez de 4-7*,Wi
dix ou douze flûtes 8c hautbois , 8c de quelques
tambours,quibattoientlaMarche à l’Allemande.
Nous allâmes à fept werfies d’Af-
tracan, à l ’endroit où étoit l ’ancienne Ville
, il a environ cent vingt ans ; 8c ce qu’il y
a d’étonnant , on n’en trouve pas les moindres
veftiges à prefent : j ’y déterray cependant
quelques offements. Il y a fept ans qu’on Salpêtre
y découvrit du falpêtre dans les Montagnes, decouveit-
& on y travaille avec beaucoup de fuccès. Cet
endroit eft à l’Eft de la V ille , fur la gauche
delà Riviere, en defeendant. Nous nous amu-
fâmes â tirer des pigeons en nous en retournant
, 8c nous paffames devant les Vaiffeaux,
qui font fur l’autre rive.
Le quatrième Juin , il furvint une grofle
tempête, qui fit périr devant la Ville un Vaii-
feau chargé de bois, fur lequel il y avoir y r ,
perfonnes, dont il s’en noya vingt-neuf.
Le fixiéme il y arriva huit Barques de Perfe
, dont quatre appartenoient âdes Ruilîens,
& les autres à des Mahometans-. Elles avoient
à bord quelques Marchands Arméniens,
Pendant tout le tems que je reftay en cette
-le Gouverneur continua toujours de
me faire mille honnêtetez, m’envoyant fou-
jyeat des- prçfents, 8c me régalant chez lui de
toutes