1 7 ° l% des bandelettes noires. Le f i l , dont elles ie
eftm . pervem;à fa]t jjg nerfs d’animaux. A u lieu
de mouchoirs ils fe fervent de raclures de bois
de bouleau, fort déliées, dont ils ne manquent
j amais d’être pourvus,pour s’effuy er lors qu’ils
fu en t , ou qu’ ils mang ent . Leurs tentes font
faites d’écor.ces d ’a rbre , coufuësenfemble par
longues bandes, qui pendent jufqu’à terre 6c
empêcheni; l ’air 6c le v ent d’y pénétrer. Elles
font ouvertes par le h a u t , pour en laiifer for-
t ir la fum é e , ce qui les rend noires en cet endroi
t , .tout le refte de la tente étant rouflatre:
tout l ’édifice eft foûtenu ave c des p e r ch e s ,
dont les bouts for tent par l ’ouverture qui eit
en haut. L ’entréç en a env iron quatre pieds
de h a u t , àc eft couverte d’une grande piece de
la même écorce , qu’ils foulevent pour y entrer
6c en f o r t i r , 6c le ur fo y e r eft au milieu de
ce t te tente. Ils fe nourriflent de cadavres de
boeufs, de mo u ton s , de chevaux 6c d’autres
animaux , qu’ils trouvent dans les grands chemins
, ou qu’on leur donne , de leurs boyaux
6c autres inteftins , qu’ ils font bouillir , 6c
qu’ ils mangent fans pain 6c fans fel. Etant
parmy eux , je vis fur le feu une grande mar -
mi t te remplie d e ç e sm e t sd é l ic ie u x , que per-
fonne ne fe met toit en devoir d ’écume r , quoy
que l ’écume en for t ît en abondance. La tente
étoi t auifi remplie de chair de cheval cruë ;
6c je
d e C o r n e i l l e l e B r u y n ;
6c je puis direque jamais l 'Ant re de P o lyp h é n
ie , dont Homere a fait la defcription a v e c 1
tant de fo in , ne fut ni fi affreux ni fi dégoûtant.
Après avoir bien examiné tout c e la , je
fis le deffein qu’on trouve ic y . Pendant que
j y t r a v a i l lo i s , ces Samoiedes s’affemblérent
autour de m o y , me regardant d’un a i r , qui
marquoit affezque la ch o fe leurplai foi t . J ’ob-
fe rv a y dans une de ces tentes un enfant âgé
de huit fema in e s , couché dans un Be rceau,
ou plutôt une Crèche de bois ja u n e , reflem-
blant aflez au couvercle d’une boëte. Ce Berceau
a vo it un demy cercle au-deflus de la tê-
t e * & ctoit fuipendu, par deux co rd e s , at tachées
aunep e rche . Il etoit entouré d’une toi-
le g r i f e , en forme de p a v i l lo n , ave c une ouver
ture par en h a u t , 8c une autre à côté pour
y mettre 6c en tirer 1 e n f a n t , qui étoit em-
m ai Ilot te de toiles de la même couleur , attachées
avec des cordes fur l’ eftomac , au m i lieu
du corps, 6c par les pieds j ayant la tête
n u ë , aufli-bien qu’une par t ie du col. Quelques
affreux que foient ces g e n s - là , cet en-
? ’,étoit pas defaS réable > & étoit même
allez blanc. Le tems ne me permettant pas
•d achever mon ouvrage cet te fois , je ju g e a y
a propos de remettre le refte, jufques à mon
retour; ainfi nous pourfuivîmes nôtre v o y a g e ,
6c arrivâmes peu après à la maifon de campagne
de mon amy. c i j Pen