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*703. de vo i le de plufieurs couleurs , qui defceml
6. ¡mu. jufques à terre , 8c t ient à une courroye aiTez
large , attachée par-dehors à un des cotez de
la tente ; 8c à l ’ aide de cet te cour roye , ils
tournent cette voile comme il leur p la î t , pour
fe garant ir du v en t ou de l ’ardeur du Soleil.1'
Quand toute la fumée eft fortie de la ten te ,
8c qu’ils veulent fe tenir chaudement , ils en.
couvrent l ’ou v e r tu re , 8c il y fait aufli chaud
que dans un poêle. Le fonds en eft couver t
de jolies étoffes ou de beaux tapis , parmy les
perfonnes de diftinétion , avec un Sofa à la
T urque un peu é le v é , qui occupe la troifié-
me partie de la tente. On y vo i t aufli de très-
beaux Coffres , dans lefquels ils ferrent ce
qu’ ils ont de plus précieux ; 8c en général tout
y eft d’une grande propreté 8c en très-bon ordre.
Quand ils changent de l ieu , ils mettent
leurs tëntes fur des chariots 8c en ôtent la couver
ture. Les femmes 8c les enfants s’y placent
, 8c les hommes les accompagnent à che-j
v a l . Lors qu’ ils v i r e n t , que la Ample curio-
fité m’att iroit en leur q u a r t ie r , ils me montrèrent
tout ee que je fouhaitois , dont ils
a vo ient fait quelque difficulté au commencemen
t , parce qu’ils ne laiffent approcher per-,
fonne des tentes où font leurs femmes. J ’y vis
une jeune brunet te, très-bien faite 8c fort parée.
Sa coëffure étoit fort f in gu l ie re , faite de
yermeil
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 305
Vermeil ou de cuivre doré , toute couver te
de ducats d’o r , de perles 8c de pierreries. J ’en
fus fi charmé , que je refolus de la peindre.,
comme je fis dans la fuite. Je def f inay, en attendant
, quelques tentes, de la maniéré qu elles
écoient tendues les unes auprès des autres,
comme on les trouve à fon num. On y v o i t
suffi un de leurs chariots , fur deux grandes
rouës : ce chariot eft de bois peint 8c couver t
d ’étof fe, foutenu par deux b â ton s , c roifez fur
le d e v a n t , 8c pofé fur deux grands foliveaux.
Lors qu’ils y tendent leurs tentes , les rouës
en font couvertes. Leur Chapelle eft a c o te ,
marqué de la let tre C. Les tentes ordinaires
ne font couvertes que de feutre , de metnc
que le v o i le qui eft au-deffus , 8c font fort médiocres
en dedans, (a) Comme ces g ens - làne
fiubfir(
a) L e s Tartares de Na-, 8c de Crim , font la plupa
rt petits 8c gros. Ils ont
le vifage large , les yeux
p e t its , 8c le teint olivâtre.
Les .hommes ont ordinairement
le vifage hâlé. 8c ride,
peu de barbe, 8c là tête toujours
rafée. Ils n ’ont pour
tout habit qu’une cafaque
d’un gros drap g r is , fur laquelle
ils portent une vefte
de peau d e mou ton , la lai-
Tom. III.
ne tournée en dehors. Les
femmes fon t habillées de
toile blanche , 8c fe couv
ren t la tête d’un bonnet
de la m ême étoffe. Ce b onnet
eil pliffé 8c ro n d , 8c elles
y attachent plufieurs
pièces d’argent ou de cu ivre.
Les enfants vont tous
nuds, 8c ont tous le ventre
fort gros. Leur nourriture
ordinaire eft de poiffon fe-
ché au Soleil , dont ils fe
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