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is. M a y .
Jardins.
Melons
d ’eau.
Vignobles.
étoient fur le point de s’en aller, & que leurs
caroifes attendoient dans la cour.. On me reçût
parfaitement bien; 5c après m’avoir régalé
de vin 5c de biere, le Gouverneur di t ,
que je lui avois été recommandé par le KJnees>
Boriesy 8c même par Sa Majefté Czarienne. En-
fuite il fe tourna vers moy , 5c me pria dele
‘voir tous les jours, ¿7* de lui dirt en quoi il pourroit me
rendre Jerrvice. Je le remerciay, 5c il fe retira un
moment après. Lors qu’il fut fo r t i , le Sous-
Gouverneur me fit paffer dans un autre appartement
avec mon compagnon de voyage,
Mr. Jacob Darvideof , où après nous avoir repre-
fenté quelques rafraîchiifements , qu’il avoir
fait venir de Perfe, il m’entretint avec beaucoup
de politeffe & de douceur.
La plupart des Jardins ,‘ qui font autour de?
la V i l le , font remplis de vignes, 5c d’arbres-
fruitiers , & fur-tout de pommiers de poiriers
, de pruniers 5c d’abricotiers , dont les
fruits ne font pas des meilleurs.. Mais on y
trouve des melons d’eau admirables , quifur-
paifent ceux de Perfe. Ils laiffent croître leurs.
vignes à la hauteur d’un homme, & les atta-
eh ant à des échalas, ils les taillent de maniéré
qu’elles ne pouffent pas plus haut. Le rai*
fin en eft noir, ou d’un bleu fort enfoncé, 5c.
allez gros, à ce qu’on m’a d i t ,n ’y ayant pas.
été. dans la fiaifon. Ceux qui croiffent dans les
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' 1 9 9
Jardins des particuliers, foit Arméniens, ou
autres , qui ne font pas en grand nombre, fe
vendent au Marché : mais on fait du vin de
ceux qui croiffent dans les Jardins ou vignobles,
dont on vient de parler, qui font pref-
que tous au Czar , qui en tire le profit. Ces
vins iont rouges 5c affez agréables. Le terrain
y eft fort fablonneux; 5c comme il s’y trouve
dés fources, ils font de grands Puits dans leurs
Jardins, 5c y conduifent l’eau par des canaux
foûterrains. On la tire enfuite de ces Puits ,
à l’aide d’iine grande rouë , à laquelle on attache
des baquets , & on la verfe dans des
goutieres de bois qui la font aller par tout le
Jardin. Un feul chameau fait tourner toutes
ces rouës.Ces J ardins ou vignobles font à deux
ou trois <-urverjles de la Ville ; & on en augmente
tous les jours le nombre : 5c comme ils font
ouverts, on y a placé des Guérites, élevées a
de certaines diftances, où l’on tient des Sentinelles
pour empêcher qu’on n’en vole le
fruit dans la faifon. On m’a dit qu’il y avoit
plus, de cent ans qu’on avoit commencé à
planter ces vignobles , ce qui s’étoit fait, à
ce^qu’on croit, par des Marchands Perfans ,
qui en avoiënt apporté les ceps de leur païs.
Quelques jours après mon arrivée, j ’allay
rendre vifite à Mr. Seroçhan Beek^, deftiné à 1 Ambaffade de Suédepar le Roy de Perfe. Le
Pp ij Czar,
Canaux.
L ’A u teu r
rend v ifite
à l ’Ambaf-
fadeur de
Perfe.