J 70 1 .
1 j . Septemb.
Son v ête ment.
N ourrirure
honteufe.
i l V O Y A G E S
propre pour mon deflein , je le pr îay de lé
met tre. Sa robe de deflus étoit d’une feule
fourrure , à quoy tenoit même le bonnet qu’ il
a v o i t fur la tête. Il la met toit & l ’ôtoit comme
une c l iemi fe , deforte qu’o n n e lu iv o y o i t
que le v i f a g e , fes g a n s , qui étoient de la même
fourrure , étant attachez à cet te robe.'
Audi r auroit-on plutôt pris pour un ours que
pour un homme , s’il n’eût eu le v i fa g e dé-,
couver t . Ses bottines étoient attachées au-
defTous du genoüil . Mais cet habit étoit û
chaud , ‘auffi-bien que le poile de ma chambre,
qu’ il fut obligé de l ’ôter plufieurs fo i s , & de
fortir , pour prendre de l ’air. Je l ’ay repre-
fenté tenant un boyau à la main , pour montrer
qu’ils s’en nourriifent^ On en v o i t plu-
fieurs autres à côté de l u i , ave c une tête de
ch e v a l écorchée. C ’eil parce qu’on lui a vo i t
fait prefent ce jour - là d’un ch e v a l mourant,
qu’ il a vo it fait tranfporter chez lui , a v e c
une jo y e inexprimable. Il lui coupa la g org e ,
le fit é co rche r , & m’en en v o y a la tête pour
la peindre. Il ne le fit pourtant qu’à regret ;
ces t ê t e s - là étant auifî eilimées parmy eu x ,
que celles du veau le fontp army nous. Ce chev
a l avoit près de 30. ans , & ne laiifoit pas
d ’être allez gras. Il en parloit aufli ave c autant
de plaifir , qu’on parle d ’un boeu f en nôt
re pais. Je peignis en mêmé-tems un de fes
Rennes,’
d e C o r n e i l l e l e B R u y n .
R e n n e s , & mis à fes pieds fon arc & fes fié- 1 7 0 1 .
ches, dont les pointes fortent du c a rq u o is , à
la maniéré du païs. Ils portent ce carquois fur
le dos , attaché à une boucle & une cour roye,
qui leur paife par-delfus l ’épaule g auche , ôc
.vient tomber par-devant. On vo i t à-côté de
lui la nourriture de ces R e n n e s , q u ie f td e la
mouife blanche , dont on aura lieu de parler
dans la fuite. Je deiïinay fa tête en par t icul
ie r , plus grolfc que le refte , pour en mar quer
mieux tous les traits.
Comme j ’étois logé dans une falle b a l fe ,
j ’y fis entrer le Samoïede en t ra îneau, a v e c
fes R ennes , & en fis le deiTein, pour montrer
de quelle maniéré ces animaux-là y fon t atte
le z .
Ces traîneaux ont ordinairement 8. pieds de Traîneaux
l o n g , fur 3. pieds & 4. pouces de la r g e , s’éle- des Samoïe-
v an t fur le devant comme nos patins. Le eon- es
duéteur eil aifis fur le derrière , les jambes
c r o i fe e s , en laiffant quelquefois pendre une
par -dehor s . Il a devant lui une petite planche
arondie par le h a u t , 8c une femblable ,
mais un peu plus élevée par d e r r iè re , & t ient
a a main un grand bâton g a rn y d’un bouton
par le b o u t , dont il fe fert pour pouffer 8c faire
avancer fes Rennes. U y a auf f i , au bout du
t ra îne au,d eux lattes arondies, à droite & à
g au ch e , qui tournent comme des poul ie s , 8c
v fur