C h a i i t r e V I .
Execution rigoureufe faite a MofcoVV. Noces magnifiques
d'un Fanjory de Sa Majefié Ovarienne. L 'A u teur
efl admis en la prefence de l'Impératrice, Veuve
JufrereJe Sa Majefié•.
¡1701. TT E dix-neuvième de ce mois on fit une
39*Janvier, j j terrible exécution à Mo frnw Une femreveS.
Utl0n m,e , A ui a vo it tuf fon mary > y fut condamnée
à être enterrée toute v iv e jufqu’aux épaules.
J ’eus la curiofité de la vo ir en cet état .
8c e l le me parut fort fraîche & de bonne mi ne.
On lui a vo it noüé , autour de là tête 8c du
•col, un linge b lan c , qu’elle fit dé tache r , par- f
c e qu il la ferroit trop. Elle étoit gardée par
trois ou quatre ioldats , qu i avoient ordre de
ne lui 1 ailTer prendre aucune nourriture. Mais
i l étoit permis de je t ter dans la foiTe, où elle
¡etoit enterree , quelques IÇy[¡ykfies ou fols
dont elle remercioit par unf igne de tête. O n
emplo y é ordinairement cet argent à aehet tei
de petits cierges ", qu’on allume à l ’honneur
de certains Saints, qu’ils reclament, 8c en part
ie pour acheter un cercuëil. Je ne fça y même
il ceux qui les gardent n’en prennent pas leur
p a r t , pour leur faire donner quelque nourriture
ture en cachette » puis qu’ il s’en trouve qui 17017
v iv en t aflez long- tems en ce té ta t . Mais cel- ¿6- f anviefi*
le-cy mourut le fécond jour après que je l’eus
vùë. On fit brûler tout v i f , le même jo u r , un
h omme , dont le crime m’eft inconnu. Je par-
leray plus amplement dans la fuite de ce qui -
regarde la Juftice en ce pais. Prefentement je
v a y pourfuivre ma r e la t ion , félon l ’ordre des
tems.
- Le vingt - fixiéme on célébra le mariage d’un Solemnité
Favory du Cz a r , nomme F i f / i f f Prienervrvit^ ^ un maria-
Souskje, Seigneur Mofco-vite , avec, la Kneejha, g6'
ou PtinceiTe Marie Surjoajena Schor^ofskaja, Soeur
du Knees, EedderSurenjnjit^ Schork.ofsfiaja} auiïï Fav
o r y de Sa Majefté. Ce Prince in v i ta à cet te
folemnité tous les principaux Seigneurs 8c
Dames de la Cour-, les Miniftres Et range r s ,
8c une partie des Marchands Etrangers 8c
leurs femmes. On donna ordre à tous les C on v
ie z de s’habiller à l ’ancienne maniéré du
pais , plus ou moins r i ch em en t , félon le règlement
qui en fut fait . Les noces fe firent
dans la Slabode Allemande, à l’H ôtel du Général
le F o r t , décédé depuis quelques années. C ’eft
un grand édifice de pierre bâti à l’Italienne ,
ou 1 on entre par deux efcaliers. Il a des appartements
magnifiques, 8c un très-beau fa-
lo n , qui étoit tendu de riches tapiiTeries , où
I o n célébra le mariage. On y v o y ô i t deux
Tom• III. L grands;