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8. Août.
\ V o y a g e s
mouiller avant midy .Nous en part îmesîe feu*
demain à n euf heures du m a t in , ôc nous fûmes
en mer à une heure après-midy. Nôtre Piloté
nous y qu i t ta , & je le chargeay de quelques
lettres pour mes amis. Nous fîmes route au
Nord-Oüe f t au Nord jufqu'au f o i r , que nous
fuivîmes celle du Nord -No rd-Qüe f t , ôc découvr
îmes n eu f ou d ix va i f fe aux , dont les uns
alloient en H o l lan d e , 8t les autres à l ’Eft. U n
calme nous furprit à minuit ôc dura jufqu’au
mat in troifiéme de ce mois. Sur le midy il s’éle
v a un pet it v en t d’Oüeil-Sud-Oüeft. Le quatrième
, à la pointe du jo u r , le v en t redoubla
ôc nous continuâmes nôtre route No rd à
l ’Oiieft par un tems v a r ia b le , 8c nous- apper-
çûmes encore quelques vRiffeaux tenant diverses
routes. Le c in q u ième , le v en t fe trouv
a N o rd -N o rd -O ü e f t , & nous rencontrâmes
plufieurs vaiffeaux , entre lefquels i l y avoir
des Pêcheurs venant de Groenlande , qui nous
apprirent la pêche qu’ils avoient faite , Sc le
fuccès de leur v o y a g e . L amême ch o fe arriva
le lendemain. Le huitième le v ent fe mit à
l ’O u e i l , Sc nous déployâmes toutes nos v o i les
par un très-beau tems. Mais le v en t s’ê-
tant tourné au Sud-Sud-Eft, nous avançâmes
au No rd -Ef t , 8c comme le tems étoic co u v e r^
nous approchâmes vers le foir des Ifles les
plus avancées de la N o r v è g e , fans les apperçevoiri.
d e C o r n e i l l e l e B r u y n .1^ j
çevoir. Le neuvième nous nous trouvâmes a
lahauteur du ¿ 1 . degré de latitude Septentrionale
, le tems toûjours couvert . Errant ainfi
dans cet te mer , nous découvrîmes de gros
poiffons, qui ont la tête pointue,& qu'oïi nomme
ordinairement Hillen. Nous en vîmes plufieurs
autres en fu i te , nommez Potskpppen, qui
nageoient autour de notre vaifleau ; ils font
dix fois plus grands que les marfoüins , auffi
longs que nos chaloupes , ôc bien plus gros que
longs : on ne trouve de ces fortes de poiffons
que dans les Mers du Nord . Après plufieurs
v ar iat ions de v ent ôc de tems ,. la mer étant
tantôt calme 5c tantôt a g i t é e , l’ air s’é c la ir c i t
le fe iz iéme , ôc nous découvrîmes la terre fur
les fept heures du matin , c ’eit -a-dire les R o chers
ou.les Montagnes les plus avancées d e là
Côte Septentrionale de laN o r v e g e , quipor -
te dans la Car te le nom de Loejfoert. Nous avançâmes,
enfuite affez t ranqui llemen t , en compagnie
de quelques vai f feauxquenous avions
rencontrez par hazard ,. v o y a n t de tems en
tems des poiffons de la longueur d e lam o i t ie
d’un vaifleau , gros à proportion, avec des te-
tes prodigieufes. i l s’en t ro u v e , qui reprefen-
ten tune e fpe cede montée,âcequenous dirent.
desperfonnes,qui.en a v o ien tv û de morts. O n
y vo i t auffi de certains oifeaux,qui reffemblent
affez â nos canards ou ànos plongeons , mais
qui.
7- o H
i> Aout