1703.
l i/- Juillet,
La Perfe,
Montagne
de Samgael.-
-Côte dan-
gereufe des
üamgales.
La Ville de
Derbent.
Sa fitua-
tion.
toute la n u i t , par un beau clair de lune t nous
apperçûmes , le d ix -n eu v ième au matin , à
l ’Oüeft, une des M ontagnes de Perfe,nommée
Samgael-, 8c a vançant toujours au Sud , en c ô to
y an t , à une bonne lieuë de te r r e , nous doublâmes
nôtre v o i le furies n eu f heures , ayant
toujours les Montagnes à côté de nous, ave c
des bois 8c un r iv a g e fablonneux. Après un
pet i t calme , le v en t fe remit au No rd -Ef t , 8c
nous pourfuivîmes nôtre route au Sud-Eft, en
cô to y an t toujours, pour doubler le Cap le plus
av anc é de la Monta gne pointuë , marquée
A.dans la taMe -d ou c e . Ce t te Côte eft for t
dangereufe , jufqu’à De rbent ; parce que les
Samgales, qui habitent ces Montagnes pillent
de tous c ô t e z , enforte qu’on n’oferoit y aborder.
Ils font Mahometans , 8c s’emparent de
toutes les marchandifes des vaiiTeaux, qui ont
le malheur d’échouër fur leur C ô t e , fans être
o b l ig e z d’en rendre c om p te , qu’à leur propre
Prince* Le v ent fe mit à l ’E f t , furies trois heures
, comme nous étions au coin de la Montag
n e , à la vûë 8c à une lieuë de Derbent. Nous
y moüillâmes , 8c j ’en f i s , à cette di f tance ,
le dei fein, marqué à la let tre B.
Nous remîmes à la vo i le pendant la nuit }
par un fi petit v e n t , que nous nous retrouvâmes
de l ’autre côté de la V i l le , à la pointe
du jour. Elle eil fituée à l ’O ü e f t , fur le r ivad
e C o r n e i l l e l e B r u y n . 4 5 7
ge de la Mer , 8c me parut avoir près d’une i jo$Ï
lieuë 8c demie de tour.En descendant la Mon- 10* juillet1
ta g ç e , du côté de la M e r , elle eft défendue
d’une muraille de pierre , 6c a trois portes1 j
dont il n’ y en a que deux qui s’ouvrent . La LaCitadel-
Ci tadelle eft jo inte à la V i l l e , à la droite de le<
laquelle: on vo i t un; Puits , avec une Source
foûc cr raine, qui s’ élève allez haut.: Ce t te V i l le
eft bien pourvue de canon 3 8c comme elle
eft fort élevée , elle paroît beaucoup du côté
de la Mer. La plupart des pierres de la C i ta delle
ont -¡\. paumes de long:, 8c j f . de large,
& font bien .entaillées à l ’antique. Aullî les Tombe««»
Perfes prétendent-ils que cet te V i l le eft du
tems d’Alexandrie., On trouve,proche delà,40.
pierres de Tombeaux ^ qui ont environ 15.
paumes de long 8c 2.^, de la r g e , fans être élevées;
plufieurs Abreuvoirs,une grande Tab le ,
& des Bancs de même. La Montagne de De r bent
eft toute de R o ch e r , 8c remplie de Sources
d'eau d o uc e , aufli-bien que la V i l le . Ceux
qui n'y, on t jamais é t é , foni ob l ig e z de donner
quelque ebofe pour-boire aux Ma te lo t s ,
par une ancienne co u tume , au défaut dequoÿ:
ils menacent les gens de les plonger dans l ’eau,
ce qui arrive quelquefois. Cet te V i l le eft fituée
au Nord-Oüeft de l ’Afie , 8c du R o y a u me,
de Perfe , fur les Frontières de la Géorgie
£c de la Zu ir ie , entre la Me r .Cafpienue , 8c
£ Tom. III. M m m le