îyo-i.
2i. May,
Maiiîçres
des R u f-
ïîens..
I 17. V O Y A G E S
derrière leurs maifons -, ou à la campagne j
dans lefquelsils cult iv ent ave c foin pluAeurs
fortes d’arbres fruitiers , ôc des fleurs , qu’ils
font v enir de leur païs. Les couches de ces
Jardins font bordées de,bois, au lieu de buis.
Comme le païs ne produit de foy-même guéres
de fleurs, ôc que celles qui croiffent dans
les bois font des plus médiocres, on n e fauroit
faire plus de pl.aifir aux Rufliens que de leur
donner des bouquets, quand ils v iennent dans
nos Jardins.. Il y a pourtant quelques curieux
parmy les plus .confidérables, qui en ont de
femblables aux n ô t r e s , ôc qui tâchent de cult
iv er des fleurs comme les Etrangers,.
Leurs maniérés font allez extraordinaires.'
Lors qu’ils fe rendent v i f ite ôc qu’ils entrent
dans une .chambre, ils ne d-iient m o t , ôc che r chent
des yeux quelque tableau de Saint, dont
leurs appartements iont toujours pourvus. Ils
lui font trois grandes ré v é renc e s , ôc puis plusieurs.
Agnes de croix en prononçant ces paroles
; Gojpodi Pomilui, c ’eft-à-dire , Seigneur, aye
pitié demoy ; ou bien Mieréfdom ZjeieWoeJonon t qui
v eut d i r e , la Paix foit en cette mai fon, (dy- parmy les
^vivants cpui l'habitent, fai faut encore des Agnes
de croix. Enfuit.e iis faluent l.es gens de la mai-
fon ôc leur parlent.. Ils font de même chez les
¿Etrangers, s’adrelfant au premier tableau qüi
/¡pjfre ,à leur vûë a de crainte de manquer de
rendre
d e C o r n e i l l e l e B-a ü y n . 1 1 3
Yendre à Dieu les premiers honneurs, qui lui
font dûs. Leur plus grand divertiilement eft
l a chaffe à l ’oifeau , avec des faucons , ôc à
courre un lièvre avec des lévriers. Ils ont de
bons règlements à cet é g a rd , le nombre des
chiens qu’un chacun peut avoir étant fixé félon
fon rang. Hors c e la , ils ontpeu de diver -
tiilements particuliers. Les inftruments de
mufique les plus en ufage f o n t , la harpe , les
t imb a le s , la cornemufe , & le cor de chaffe.
Ils prennent beaucoup de plaifir à fe trouver
parmy des in fen fè z , desperfonnes difformes
ôc des Ivrognes fur to u t , lors qu’ils le font à
1-exeês. Quand ils régalent leurs amis , ils fe
met tent à table à dix heures du ma t in , ôc fe
féparent à une beure aprè s -midy , pour aller
dormir chez eux, tant en hy v e r qu’enêté.Leur
maniéré d’écrire eft fort Anguliere. Ils prennent
le papier d e là main g a u ch e , le pofent
fur leurs g en o u x , ôc é cr ivent ainfi. Il y en a
p o u r t a n t , qui commencent à écrire comme
n o u s , ôc par t iculièrement dans leurs Chancelleries.
Leur maniéré de coudre différé aufli
de la notre. Ils mettent leur dé fur le premier
d o ig t , dont ils fe fervent avec le p o u c e , pour
tirer 1 aiguille ôc le fil vers eux, choie dirc-
iftement oppofée à la nôtre. Ils le font aufli
des pieds , qu’ils ont ordinairement nuds ; ôc
favent t e n i r , entre les deuxpremiers d o ig t s ,
Tom. III.'' V . p l ’étofe
I7 01 -
2 1. Jbday.
Leu r manière
d’ écrire.
Et de cou.
dre.