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la Janvier.
4 1 s V o y a g e s
„ femmes pour desile»»er, ou des pelletteries.1
, , Il leur eil même permis d’en avoir autant
,, qu’ ils en peuvent entretenir. Lors qu’ ils fe
, , d ive r t i i fent en compagnie , ils fe placent
„ deux à deux, les uns devant les autres ,
3, en faifant de certains mouvements des jam-
,, bes , ils fe donnent de grands coups de main
, , contre la plante des pieds. Ils hurlent com-
„ me des ours, & hanniifent comme des che-
, , vaux , au lieu de chanter. Ils ont aufïï des
, , M a g ic ie n s , qui font toutes fortes de for t i-
, , lé g e s , ou plutôt de fourberies : mais c ’efl: af-
,, fez parler des Samoïedes. [a )
, , Tous
(a) Les Samoïedes occupent
une vafte étenduë de
païs, au Nord-EU de laMof-
covie 5 depuis le T ropique,
jufqu’à l ’Ocean Septentrional
, des deux cô te zd e l ’ o -
by. Ces Peuples fauvagè s,
que les Anciens avoient
compris fous le nom général
de S cy te s , n’ont été appe
lie z Samoïedes que depuis
qu’ils ont reconnu la
domination du Grand Duc;
ce nom , dans la Langue
M o fco v ite , lignifiant m a n g
e u r s d e foy-meme ; parce
qu’en effet les Samoïedes
mangent de la chair humaine
, 8c même de celle de
leurs amis , quand ils font
morts. Quoy que ces peuples
n’a yent point de Vil-,
l e s , ils ne changent point
de demeure , comme les
T artares Nomades ; 8c leurs
Cabanes font conilruites ,
encore aujourd’huy , de la
même maniéré qu’on les
vo it décrites dans les anciens
Auteurs. T a c ite remarque
qu’elles étoient foû-
tenuës avec des perches.,
comme elles le font en effet.
Herodote appelle , la
couverture de ces fombres
demeures,un chapeau blan#,
faifant
D e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' '417
Tous les quadrupèdes qu’on trouve fur
â, cet te côte , jufqu’au Détroi t de Vveygats , jfc. 'janvier*
01 & à Mefeemi favoir , loups, ours , renards,
„ Rennes,
faifant allufiori fans doute à
la neige , dont elles font
prefque toujours couvertes.
Lés Anciens avoient
publié une Fable fur l ’air de
ces Climats Septentrion
au x , 8c avoient cru qu’il
étoït remply de Plumes ; ce
q u ’Herodote explique fort
bien , en difant qu’il faut
l ’entendre de ces gros ffoc-
con s de neige , qui y tomb
ent pendant la plus grande
partie de l ’année ; explication
fi n a tu re lle , que les
anciens Poètes du N ord Ed-
d a , 8c les autres, en parlant
de la neige,l’appellent ordinairement
d e l a P l u m e & d e
l a L a m e ■, comme on peut le
v o ir plus au long dans Olaüs
Kudbex ^4tl. chap. 10. Quoy
q u ’il en f o i t , les Samoïedes
ont foin de pratiquer, dans
leurs Cabanes, des chemins
foûterrains , pour fe vifi-
t e r , les uns les autres, pendant
les grandes gelées ; 8c
quand ils vont alors à la
ch a ife , ils font obligez de
fortir par le trou qui leur.
Tom. I I I .
fert de cheminée, la neige
couvrant alors la porte de
leurs Cabanes. C ’eil - là ,
qu’enfermez pendant huit
ou n e u f m o is , comme des
bêtes féroces dans leurs T a nières
, prefque étoufez de
la fumée-, ils confirment les
provifions de chair 8c de
poiifon , qu’ils ont ramaf-
fées pendant la belle faifon.
Et ce qu’il y a de plus étonnant
, ç ’eft qu’ils font con tents
de cette maniéré de
v iv r e , 8c que deux Députez
de la Nation vers le C z a r ,
dirent à M. O lea riu s , que
fi le Grand D uc connoiifoit
tous les charmes de leur
climat , il viendrait fans
doute l'y habiter ; 8c quand
ils eurent fini leur Négociation
à M o fc o v v , ils s’en retou
rnèrent, fort ennuyez
du féjour qu’ils aVoient été
obligez de faire dans c e tte
Ville. Comme le grand
froid de ce climat rend la
terre ilé r ile , les Samoïedes
ne v iv en t que de la chaife
& de la pêche ;, 8c ne por-
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