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les quatre Montagnes Rouges, dont la pointe,1
la plus a v a n c é e , eft à cent vver^wd’Aftracan.
Nous eûmes bien- tôt perdu la terre de v û ë ,
& le v en t s’ctarit mis au Sud , nous cont inuâmes
doucement nôtre route au Sud-Oüeft par
un très-beau terns ; mais nous fûmes peu après,
ob l ig e z de mobilier â une braiTe &c demie
d ’e a u , le v en t s'étant tourné à l ’Eft.. Le dix-
fept iéme au m a t in , nous pourfuivîmes nôtre
route , avec un V en t de N o r d , qui nous pouf-
foit du côté du Sud. Une p lu y e , qui furvint^
fit changer le rems; mais le Soleil ayant di f -
fipé les n u a g e s , il s’é le v a un> vent - f rais , qui
cont inuajufques a u f o i r , & fit enfler les ondes
de la Mer. Nô t r e Pilote , qui étoit fad gb é *
voulant fe repofer un peu , donna le gouv
e rn a i l à un autre, qui nous auroic bien- tôt
reconduits à A f t r a c an , fi je ne m’en étois ap-
perçû , ave c mon compas , dont je me fer-
vois toûjours , & fur Me r &c fur Te r re . Le
v ent changea pendant la nuit , & s’abattit
to u t - à - c o u p , deforte que nous fûmes oblig
e z de mobilier fur huit braifes d’eau. Le dix-
huitiéme au ma t in , nous remîmes à la vo i le
par un tems pluvieux -, enfuitenous fûmes fur-
pris d’un calme ; ma i s le v en t s’étant élevé
peu après au Nord-Oüeft , nous fîmes route
au Sud. Comme il étoi t v io l e n t , tout le monde
s’en trouva in commo d é , jufqu’aux Matei
>e C o r n e i l l e l e B r u y n T ~4jy
lots & aux S oldats ,. qui font ob lig ez de tra- 1703 .
y ail 1er à la Manoeuvre lorfque l ’occafion le 1 ÿ-7 Met-
requiert. Nous avions à bord n . de ces derniers
environ 50. P a i fa g e r s ,1aplûpart Ar méniens.
Nôtre Bâtiment , q u ia v o i td eu x pet
i t s eanonsde b ro n z e ,p o u v o i t con ten i r commodément
i jo - b a l lo t s , que j ’avois fait réduir
e à 180. pour avoir de la place , comme je
l ’ay déjà dit.. Il a v o i t trois gouvernails ; un
par derrière , 8c un à chaque côté. Ces Bâti-
ments-là n’ont qu’une-grande v o i l e , qu’on,
double quand le vent eil bon ; deforte qu’ils,
ne font pas propres à lo u v o y e r , outre qu’ ils
ne fe ferventpas de rames. Ce jour - là le Pi lote
reprit le gouvernail après-midy vmais a,yan t
•pris fa route trop haut a T E R , la vo i le ne put
plus reprendre le v ent ; 8c comme le vaiiTeau
.n’obéïiTok pas au g o u v e rn a i l , il fallut callet
la v o i le . On fe fervit enfuite d’uri fécond gouv
e rn a i l pour tourner le vaiiTeau, & o n remi t Peu tfèypé-
à la vo ile , ce qui me fit connoître que ces rience de
i\ > j - i • ces gensgens
la n entendent pas mieux la marine que en Mer.,
les Grecs.. Le v en t étant toujours au Nord
nous pourfuivîmes la même routes & bien que:
nous fuilions fort avancez en M e r , je t rouvay
que l ’eau étoit encore douce &c bonne à boire
;;mais peu après elle devint falée , plus v e r te,,
& les vagues plus courtes..
Après que nous eûmes fu iv y cette, route.
coûte: