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i . janvier-
Froid épouvantable.
'418 V o y a g e s
,, Rennes, & c . font blancs comme de la n e ig e
, , en h y v e r . Il en eft de même de quelques o i -
„ féaux , comme lès canards , les perdrix ôc
, , queltent
, pour habits , que la
peau , ou des Rennes ou des
Chiens Marins , mettant
pendant l ’été le poil en dehors
, & pendant l ’hy ve r en
dedans. C ’ëft fans doute fur
quelques Relations de ces
païs Septentrionaux, qu’on
a vo it formé la Fable d’un
peuple qui-dormoit iix mois
de l ’année. Comme dans
l-’h yver ils fe couvrent la
tête avec la même fourû-
re qui leur-fert d’h a b it, la it
làn t pendre les. manches
aux. deux co te z 5 8c ne m ontrant
le vifage que par le
trou qui eft au co l du v ê te m
en t, cela a donné lieu à
cette autre F a b le , qui dit,
qu’il y avoit un peuple qui
n ’àvoit point de tête , 8t qui
portoient la marque du vi-
fa g e fu r leur eftOmac. Les
grandesRaquetes q u ïls portent
aux pieds , pour marcher
fur la neige lors qu’ils
vont à la ch a lle , a auffi donné
lieu à la Fable, qui di-
fo it qu’il y avoit des hommes
qui avaient le pied li
grand , qu’il pouvoit faire
ombre à tout le corps ; tant,
il eft vray que les Fables les
plus abfurdes, ont fouvent
pour fondement-des v é r i-
tez qu’on n’avoit pas bien
examinées ; 8c cela peut fer*
vir d’Apologie à Herodotey
à Ctefias, 8c aux autres Au teurs
qui avoient publié,fur
les peuples-dés I'ndes, des
choies quiparoiflbient fi extravagantes
, 8c dont on a
trouvé les fondements dans
les moeurs, les habillements;
8c les coutumes de ces peuples.
Mais, pour ne pas ré~
peter icy ce qui fe trouve
dans plufieurs Voyag eurs,,
au fuj et dés Sàmoïedèsjdon t ;
la plupart ont aujourd’huy
abandonné l ’Idolâtrie , 8e
ont reçu le B ap tême, je m e -
contente dë renvoyer les:
Leéteurs aux Relations des
Voyages que les H ollândois
ont faits dans le Détroit de
Weygats, 8c dans la Nouvel-*
le Zemble, où ils aprendront
plufieursparticularitez qu’i f
eft inutile de copier icy ..
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d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 4 1 9
quelques autres. Au refte , le froid y eft (1
" v io l e n t , que les pies ôc les corneilles y ge-
lent en vo lant , ôc tombent mortes à terre ;
chofe que ce Miniftre affirme avoir vûë de
J} fes propres yeux,
„ Q u a n t au Dé t roi t de K<veygats, dont les
A n g lo i s , les Danois ôc les Hollândois nous
ont donné plufieurs relations , après avoir
tâché plufieurs fois d ’en pafler le Canal g la-
** c e/ , cer qu on n . a encore pu* rra i■ re qu • une lro-is
ou d eu x , à caufe de la v io len c e des glaces
qui fe trouvent dans la Mer Glaciale , ôc
dans celle du Sud, perfonne n ’en a parlé fi
amplement , ôc ave c tant de ju g em e n t , que
" Monfieur L^if/tWjBourguemanre d’Amf ter -
dam. Auffi n’ a - t - i l épargné aucune peine
n pour e-n acquérir une connoiffance parfaite,
5) ayant confulté pourcelaplufieursper fonnes
i} qui ont été fur les lieux. Ce la paroît par la
belle Carte qu’il a donnée de ce D é t r o i t , ôc
>}de ces C ô te s , jufques à l ’O^y, par laquelle il
, eft é v id e n t , que cet te Mer n’eft nullement
■ na v ig able , de ce Dé t ro i t jufques au Cap
}J Glacé , quand même un fécond Cbriftofle Colomb
l ’entreprendroit , vû qu'il eft impoffi-
ble de pénétrer les Montagnes de glace qui
s’y r en con t r en t , nonobftant que les Aftres
faffent connoître la route qu’on doit fuivre."
Le D iv in Auteur de la Na tu r e a tellement
G g g ij „ e n -
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1695.
i. janvjer-
Détroit dé
W eygats.