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i t. M a r s .
Portrait de
l'Impératrice.
Et des jeunes
Princef-
fes.
■quelque part. Je l e fis avec toute la diligen-
cepolfible, 8c les h abillay à l ’Al lemande,com-
me elles le font ordinairement lors qu’elles pa-
roiffent en public ; mais je leur fis une coëfu-
re à l ’ant iq ue , qui fied mieux ordinairement
dans les Portraits ; mais il efl tems de faire
eonnoître l ’Impératrice Paraskovvya Feodorof-
na: Cet te Princeffe., qui n ’a pas plus de 30. ans»
eit a lle z replette , ce qui ne lui fied pas ma l ,
parce qii’elle a la taille belle. On peut même
dire qu’elle a de la.beauté , beaucoup de douc
e u r , 8c des maniérés fort-engageantes. Auffi
eft-elle très*bien dans l’efprit du Czâr . Le jeune
Pr ince Cza r ien Alexey Petrowit^ lui rend
fouvent v i f i te , 8c aux jeunes.PrincelTes fes f i l les
, dont Rainée., Catherine Iwanofihd, n’a que
douze ans ; la fé con d é , Anne Iwanojfna, dix ; St
la cadette , Paraskovkya Injnjdnoffna , environ
huit ans. Eli es font toutestrois très-b-ien faites.
La fécondé efl blonde 8c a ie teint parfaitement
beau, 8c les deux autres font d’ agréa-
Rles brunettes. La cadette a beaucoup de v i v
a c i té ; 8c toutes trois une douceur 8c une affabilité
toute charmante. Il feroit difficile
d’exprimer toutes lés honnêtetez qu’on m’a
faites en cet te C o u r , pendant que je travail-
lois à ces Portraits.. On ne manquoit pas de
me prefenter tous les matins des liqueurs 8c
d ’autres rafràichiiTements : on m’y retenoit
même
d e C o r n e i l l e l e B r u y n .' 9 7
mente fouvent a d în e r , 8c on fervoi t toujours>
autant de viandes que de poiiTon , bien que
1 on fut dans le C a rême , manières dont j ’é-
tois furpris. Pendant la journée on avoit foin
de mie donner du v in & de la biere. Auffi ne
crois-je pas qu il y ait de Cour au mo n d e , -8c
fur tout une Cou r comme c e l le - c y , où l ’on ait
jamais traité un particulier avec plus de bonté
i ôt je puis.affûter ic y que j ’en conferve^
ray toute ma vie une profonde reconnoiffan-
ce. Encouragé p a r tan t d’h o n n ê te te z , je pris
la liberté d offrir a Sa Majefle , au Palais de
Probrofenskp , un exemplaire de mes Vo y a g e s ,
que j avois fait relier pour cela , me flattant,,
comme i l a r r iv a , que ce Pr ince.le re ç e v roi t
favorablement.
Le v in g t -n eu v ième il s’ alla dive r t ir en chaloupe
fur la R iv ie r e de Mos^a , qu’il defcen-
dit contre la maré e , trois ou quatre <-u<-verjles
au-dela du p o n t , en paffant devant le Ch â teau.
Il la remon ta en fui te , favorifé de lama -
r e e , ave c beaucoup de rapidité , trois ou quatre
njrverfles en deçà du même P o n t , où il rev
in t enfuite : le Prince Alexandre l ’y atten-
doit , accompagné de quelques Marchands
An g lo is 8c Hollamdois , qu’il régala en c o re
de chair 8c de p o i f fo n , nonobflant le C a rême
8c la Semaine Sainte., laiffant un chacun
en pleine liberté. Mais lui , 8c ceux de-
Tom. III. N fa
170 z f
Mars.
L ’Au teu r
fait prefent
de fon V o yage
au
Czar.
DivertiiTement
fur la
R iv ie r e de
Moska.