l j o i .
3. fu i».
Réglemens
contre les
Mandians.
les femme s , à la réferve des perfonnes de condition
, qui portent des fon tan g e s , &c les mêmes
ajuftements , qui font en ufage parmy
nous. Pour mieux faire o b fe r v e r c e t te Ordonnance
y il fallut faire venir par mer des chapeaux
, des fouliers , & les autres chofes né-
ceiTaires. Mais comme cela étoit fort in commode
& à ch a rg e , les Ruffiens fie mirent a ies
imiter. Ils y réüffirent allez mal d’abord, &c
firent mieux dans la fuite , lors qu’on eut -fait
v enir des ouvriers des Païs Etrangers pour les
inftruire : c a r , comme on a déjà d i t , ils font
aifez bons imi tateur s, & a imentà apprendre.
■On f i t , en même- tems, de bons Règlements
contre les Mandians , qui eouroient les rués
en fi grand nombre , hommes &c femmes,’
qu’on en é to i t entouré quand on vouloi t acheter
quelque choie dans les boutiques à Mof-
cow. Ce qu’ il y avoit déplus fâcheux, eft que
les voleurs fe mêloient parmy eux , pour couper
des bourfes , §c voler ainfi impunément
ceux qui fe trouvoient dans la foule ; & la plupart
des Ruffiens ne font pas trop fcrupuleux
fur c e t article. Le Cza r voulant remédier à
ees inconvénients,f it défendre à tous les M an-
dians de demander l ’âumône dans les rués1,’
Sc à un chacun de leur donner quoy que ce
fû t , fous peine d’une amende de cinc^Kubels,
ou de 2-5. florins. Cepen d an t , pour pourvoir
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' % 0
a la fubfiftance des pauvres , on fit ér ig e r des
Hôpitaux proche de chaque Eglife , tan tau -
dedans qu’au-dehors de M o f c ow , aufquels le
Cza r affigna un revenu annuel. On fut déliv
r é , de cette manié ré , d’une grande incomr
mo d i té , puis qu'on nepouvoi t iortir des Egli-
fes fans être pour fuivy de ces gens-là , d ’un
bout de la rue jufqu’à l ’autre. Ce t te fage O r donnance
produifit un autre bon effet , qui
f u t , que plufieurs gueux fe mirent à tra v ai ll
e r , de .crainte d’être enfermez dans les Hôpitaux
i car les Mandiants n ’aiment pas naturellement
l ’ouvrage , & ne regardent pas la
mandici té comme unq chofe honteufe. Je me
fouviens à ce propos d’une avanture , qu 'i l
faut que je rapporte ic y .
Il v in t un jo u r , à l ’Auberge où j ’é to i s ,u n
jeune garçon demander l ’aumône à un Marchand
qui y lo g eo it . C e lu i - c y lui demanda
pourquo.y il ne tâchoit pas de g a gn e r fa v ie
en t r a v a i l la n t , ou en fe met tant en fe rv ic e /
Il rép o n d i t , qu’il ne pouvoit t ra v a i l le r , parce
qu’on ne lui avoit jamais rien fait apprendre
; qu’à l 'égard du ferv ic e , il n ’y a vo it
perfonne qui voulût l ’employer.Ce Marchand
trouvant qu’il a vo it la phyfionomie honn ê t
e , lui demanda s’il vouloi t le fervir s s’ i l fe -
roit exaét à s’aquitter de fon devoir , & s’ il
pourroit trouver quelqu’un , qui voulut ré-
| Tom. III. V pondre
1702».’
j . Juin.
Hôpitaux
pour les
Mandiants.
Avanture
d’un jeune
Mandiant.