1703.’ avois confeillé aux Matelots de caller la v o i-
Maj- le avant d'approcher de la V i l l e , & d’y aller
à la rame. Le r iv a g e étant e fca rp é ; il fallut
que les Matelots fe miifent dans l ’eau pour
tirer la Barque à terre a v e c des cordes. En-
fuite ils fe fe rv irent de la Chaloupe pour ah*
1er à la V i l le , pendant que nous reliâmes à
l ’abry des Mo n ta gn e s . J ’y allay aulfi ; mais
on ne voulut pas me lailfer entrer parce
qu’ i l éto i t tard & les Soldats , affiliez des
Païfans , nous fermèrent la porte au n e z . Il
elt v ra y qu*ils nous apportèrent du pain , de
la biere , du lait & des oe u f s , que nous leur
achetâmes. T o u t le monde étant revenu à
bord , on chercha l ’ancre inut ilement pendant
la n u i t , & on ne la trouva qu’après qu’i l
fut jour . Ce t te V i l le n’e l lh a b i té e que par des
Soldats , qu’on y t ient pour s’oppoler aux
cotrrfes des Tartares KalmucKs , qui v ie n n
ent quelquefois enlev er le bétail , & courent
jufques â Samara. Le d ix -n e u v ièm e „
nous continuâmes nôtre route à force d e r a -
mes , le v ent étant contraire. Nous vîmes r
en p a l fan t , des Montagnes e fcarpées , v e r tes
fur le haut , & les cotez fablonneux. Nous
trouvâmes , quelque-tems aprè s ,u n e grande
bonde ou pêche â 80. njnjerjles de T^enogar. Elle
fie nomme IÇj/larskie, & le poillbn y elt admi
ra b le . Nous y vîmes aulfi un Golphe , o ù
le
6 e C o r n e i l l e l e B r u y n .'’ 175'
le Wo lg a s’étend bien avant dans les terres.
Après avoir fait encore n j . n/uerftes, nous
mouillâmes pendant la n u i t , & continuâmes
nôtre route le v ing t ième â la pointe du jour.
L e v en t étant bon , nous avançâmes fur le
mid y jufques à 100. rvrverjtesd’Al lra can. Nous
y doublâmes une p o in te , où la Riv ie r e tourn
e avec une fi grande rapidité , qu’ il s’y perd
fouv ent des Barques : e lle y a plus de quarante
bralfies de profondeur. Un peu plus lo in *
nous trouvâmes beaucoup de c ana rd s , & u n e
Iile qui a 10. njrverjles de l o n g , dans un endroit
où la R iv ie r e elt fort large. Il y a v o i t
une garde de trente Soldats â la pointe de
cet te Ifle , lo g e z dans trois ou quatre cabanes
, où toutes les Barques font obligées d’aborder.
Pendant que nous y étions , il palfia
de l ’autre côté de la R i v i e r e , deux Barques,
qui venoient d’Al lracan. Les Soldats les a y an t
a p p e r çù ë s , les fuivirent dans une Chaloupe
â vo ile . Il y avoit aulfi deux grandes Barques
à l ’ancre , dellinées pour Cafan. Nous n’y
reliâmes qu’une h eu r e , ôc vîmes de loin des
Montagnes qui s’étendent j ufques à Al lra can.
Sur les fept heures nous arrivâmes â z z . vver-
fies de cette V i l le , & une heure après nous
vîme s une grande Barque é choüé e , & brifée
en partie , fur laquelle il y a vo it pourtant
M m iq encore;
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10. Ma],