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1 7 0 Z . dont l'habit 8c les bonnets differoient entie-
*6. janvier, rement des autres. Ils avoient pourtant tous
des bottines jau ne s , mais des bonnets plats
ô c communs , qui n’approchoient pas de la
magnificence des autres. Ils étoient au nombre
de 34. deforte qu’ il y avoit à cet te fuper-
be Ca v a lcade cent quatre personnes, dont
prei'que tous les habits étoient magnifiques.
Plufieurs de leurs chevaux avoient des mords
d’argent , 8c quelques-uns d’entr’eux des chaînes
de même, larges de deux doigts , ou env
i ro n 8c allez grof les , qui leur pendoientdu
haut de la tête jufqtTa la bride , 8c étoient attachées
au pommeau de la fe l le , ce qui faifoit
un cliquetis allez agréable. Il y en avoit aulïi
qui ne les avoient que de fer-blanc 8c plantes.
Après cela on v i t paroître c inq traîneaux,
dans les trois premiers defquels on avoit
placé les trois Dodteurs Allemands , 8c dans
les deux autres les deux plus anciens Ma r chands
de nôtre païs. Ceux-cy furent fuivis
d’un grand chariot couver t de drap ro u g e ,
deftiné pour les deux Impératrices. C ’eftainfi
que les Ruifiens nomment celles dont Sa
Majefté Czar ienne fait choix pour aififler,
comme femmes de l ’Ef tat , à cette ceremonie.
La première de ces Dame s , femme du Knees,
Fuddér SeurJerunjit^ R.omodanoski, qui commande
dans Mo fcow , en l’ abfence de Sa Ma je f té ,
. ne
d e C o r n e i l l e l e B r u y n .
fia s’y trouva p a s , parce qu’elle étoit indif-
pofée ; deforte que l’autre , femme d'Irvana-
•unjit% Boeterlien, en fit feule la fo n d ion. Elle
avoit fur la tête un petit chapeau de feutre
blanc , en pain d e ïu c r e , 8c à petits bords,
ayant deux filles d’honneur alïîfes fur le dev
an t du c h a r io t , qui étoit traîné par douze
chevaux blancs , 8c ,entouré de plufieurs do-
meftiques habillez de rouge. Ce chariot étoit
fu iv y de z j . autres plus petits , couverts de
m êm e , attelez de deux chevaux blanc s , dans
l ’un defquels étoient la ma r ié e , 8c les Dames
Rufli ennes dans les autres. Il y avoit entre ces
chariots, un méchant petit traîneau, attaché
à l aqueuë d’ un pauvre cheval , dans lequel
étoit placé un petit.homme d’auifi mauvaife
apparence que fa v o i tu r e , habillé à la Juive.
Je me doutay bien qu’on le traînoit de cette
maniéré pour quelque faute qu’il avoit com-
mife 8c qu’on vouloit punir par cette dérision.
J ’appris en effet de quelques-uns de mes
amis que je ne m’étoispoint trompé ; que cet
homme avoit été Jui f , mais qu’il avoit em-
braffe le Chriftianifmei II vint enfuite fept
autres traîneaux remplis de Demoifelles de
notre Nat ion , fuivis de quelques chariots
vu id e s , qui fermoient la Cavalcade. Elle tra-
v e r fa ainfi le Chateau 8c une partie de la V i l le,
jufques a 1 Eglife dçBogojaJlenja,o u de l’An -
noncia-
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16 . Janvier,