B e lle C a valcad
e du
C h a a .
V o y a g e s
ch ame au, dont on ne donnoit autrefois qu’ un
florin : Mais cela ne regarde que les marchan-
difes ¿[u’on tranfpor teen Perfe -, &c comme ce
tranfport fe fait ordinairement fur des ch e vaux
, il faut y diminuer les balots de la moit
ié , la ch a rg e d ’un cheval n ’excédant pas 400.'
l i v r e s , au lieu que celle d’un chameau eft de
h ui t à n eu f cents.
Le c inquième de ce m o is , le Chan fe rendi
t , fur les huit heures du mat in , à un Jar-,
d i n , à un quart de lieuë de la V i l l e , pour s’y
parer de la Robe qu’on lui avoir en vo y é e
d ’Iipahan, C om m e o n avoir préparé unegr.anr
de Fête à ce f u j e t , j ’ y allay ave c plusieurs
autres perfonnes. O n v i t paraître d’abord
plusieurs Cavalier s , fuivis de dix cha-;
meaux , parez de deux petits étendarts roug
e s , à droite & à gauche. Six de ces animaux
é to ient chargez de t imbales, que les Perfes
nomment Tambalpaes, entre lefquelles il y en
a vo ir quatre d’une grolfeur extraordinaire ,
pointues par le bas, qu’un t imba lie r , aflïsfur
un des chameaux , touchoit de tems en tems!
Quatre trompettes s’arrêtoient par interv a-
les à côté du grand chemin , pour fonner de
leurs Karamasou t romp e t te s , qui font fort longues
, larges par en b a s , & font une mélodie
for t defagréable à mon gré. On v o y o i t après
eux à quelque di f tance, quatre haut-bois. Les
chameaux
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' 487
chameaux étoient auffi fuivis de vingt Mouf- iv o f,.
quetaires différemment habillez , les uns de 5. Août.
v e r t , les autres de violet ou de gris -y 8c ceux-
c y de fix domeftiques du Chan ou Gouverneur
, qui parut après eux, monté fur un beau
cheval chatain parfaitement bien enharnaché.
Ce Seigneur , qui avoit une vefte aifez
courte , 8c un grand Turban à laPerfanne*.
étoit fiiivi de quatre Eunuques-, les uns bafa-
nez,, les autres noirs, richement habillez ôc
bien montez. Ënfuite on vi t paraître les plus-
Grands Seigneurs de la Ville , & un orand
nombred’autresperfonnes à cheval,puis neuf
chevaux de main du Chan, richement enharnachez
, ayant chacun un petit tambour au.
côté droit de la felle. La plupart des perfonnes
de diftindion en avoient de femblables
qu’ils barraient des doigts de tems en tems..
Ils étoient prefque tous d’argent , comme celui
du Chan.. Il y avoit , outre cela , un grand;
nombre de Soldats à côté du Jardin, à droite
vers, les Montagnes , qui avoient une plume
à leur bonnet ; 8c enfin , deux chevaux;
montez par deux hommes , couverts depuis,
les pieds Jufques à la tê te , d’une robe piquée
de toutes fortes de couleurs , reprefentant des;
Anges- Comme ils étoient faits, au badinage
de ces animaux y ils attiraient les regards-
de tout le monde , & fe tenoient à v ing t pas