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7oi. de tous cotez , pour empêcher les bêtes fau-
Siptmb. v a g es ¿ ’en approcher. Enfuite ils l ’étendent
deiTus, habillé de fes meilleurs h a b i t s , & po-,
fent à côté de lui fon a r c , fon carquois & fa
hache. Ils attachent auiïï à ce Monument un
•Renne ou deux, au cas que le défunt en a i tp o f -
fédé pendant fa v ie , & les y laiifent mourir
de fa im, à moins qu’ils ne fe fa u v en t . (a) T o u t
c e c y ,
( a ) Ce que l ’Auteur dit
icy des Magiciens, qui font
parmy les Samoïedes , eft
très-véritable ; mais comme
il ne donne pas une idée
allez exaéle de l ’attachement
que les peuples ont
pour cet artfunefte, je vais
m ’étendre un peu fur cet
ar-ticle. Tous les Voyageurs
conviennent que les Samoïedes
8c les Lappons ,
font extrêmement adonnez
à la Magie, 8c que la R e ligion
C h ré tien n e , qui a été
reçue parmy eux , n ’a pû
encore abolir cette fuperfti-
tion. Il efl: très-ordinaire de
trouver parmy eux des gens
qui vendent les Vents à
ceux qui naviguent dans les
Mers du N o rd , & leur promettent
» moyennant une
fomme d ’a rg en t, de tenir
enfermez ceux qui pourroient
troubler leur voyage
; 8c cette coutume eft lï
ancienne dans le p a ïs , que
Olaus Rudbecx , dans fon
Atlantique , prétend que
c ’eft de-là qu’Homere apui-
fé la Tradition d ’F.ole, qui
donna à U lyfle les Vents enfermez
dans une peau de
bouc. Ces mêmes V o y a geurs
ajoutent plufieurs autres
fuperftidons fur ce fu-
j e t , comme on peut le vo ir
dans leurs Relations. Mais
comme perfonne , que je
fâche » n ’a mieux traité cette
m atière que ShefFer, dans
fa Description de la Lappome »
je vais rapporter en peu de
mots ce qu’il dit fur ce fu-
jet. Olaüs Magnus avoit
déjà remarqué , dans fon
Hiftoire , que ces peuples
étoient fi adonnez à la Magie
, qu’il fembloit qu’ils
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 35
ç e c y , que je tiens dé perfonnes , qui demeurent
en ces quar t ier s - là, me fut confirmé par
un Marchand Rulï îen, nommé MuhelOftatiof,
que je priay de venir chez moy pour m’entretenir
avec lui fur ce fujet. Je favois qu'il avoit
traverfé la Syber ie, en liy ver & en é t é , en al-
anc
E ij j U
»voient eu pour Maître le
grand Zoroaftre, qui a paf-
fé parmy les Perles pour
l ’Inventeur de cette funefte
fcience. U n e extremi aqutlo-
nis Regio Finlandia ac Lappo-
ma f ie erat doita maie f e u s ,
ohm in pajranifno , ac Ji Z o -
roafem Perfim in hue damna-
ta difeiplina , proeceptorem ha-
buiJJ'ent. Les autres Auteurs
de l ’Hiftoire du Nord con viennent
tous fur cet artic
le , 8c difent des chofes
étonnantes de leursenchan-
tem en ts , enforte qu’exciter
des tempêtes , arrêter
des VaiiTeaux au milieu de
leur courfe , envoyer des
maladies aux hommes 8c
aux beftiaux, étoient des e ffets
ordinaires de leurs maléfices.
En vain les Rois de
Suede , de Norvège , & les
Grands Ducs de M o fco v ie ,
qui ont conquis ces peuples
& y ont établi la Religion
Ch ré tien ne , on t ta ch é , par
des E dits, aufli fages que fe-
v e r e s , de détruire cette fo lle
fuperftition ; ils n ’ont ja mais
pû en venir à bout ;
8c ce qu’il y a de plus t r if le ,
c ’eft que ceux qui auparavant
mêloient dans leurs
enchantements les noms 8c
les figures de leurs Id o le s ,
y joignent à prefent ce que
la R eligion Chrétienne a de
plus refpeélable. Mais ce
qu’il y a encore de plus
é to n n a n t , c ’eft qu’ils ont
parmy eux des Maîtres qui
enfeignent la Magie aux
jeunes g en s , 8c que les Parents
leur envoyent leurs
en fan ts , comme on les envo
yé parmy nous à l ’école ;
8c ces impofteurs , qui ne
trouvent pas toûjours parmy
ces jeunes gens toute la
docilité qu’ils demandent,
les renvoyent comme indignes
d’être initiez dans
1 7 0 1 . • Scptemb.