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1692.. „ cabanes, & recuëilloit le tribut que ces peu-«
2+. Août. ^ pies font obligez de païer aux Vvairvrvodes
„ d e Sa Majefté Czarienne. Il s’y rendit , ac-
compagne de tonte fa fuite , avec un pre-
„ fent depoiffon frais, Sc s’en retoùrtfa, après
„ a v o i r reçu en,échange de l ’eau-de-vie Sc du
„ t a b a c , dont i l parut très-fatisfiait. I lr e v ia t
„ peu après, pour inviter ce Miniitre à fon Pa-
L’Auteur } lais j •& Mr. Isbrdnts eut la curiofité d’y a ller,
en vifiteun. ^ ^ jors qu’ il y fut arrivé , [çKnées fit lui-mê-.
„ me les honneurs de'fa maifon, dans laquel-
Defcription le i} le condùifit. Elle étoit faite , comme
ne. & defes ,, les autres cabanes., d’écorces d’arbres, alfez
femmes. jinal coufuës. Il y trouva quatre des femmes
de ce Prince , dont la plus jeune avoit une
„ ju p e de (drap rouge , .& beaucoup de corail
„ de verre autour du col Sc de la ceinture, de
„ même qu’autour des treffes de fes cheveux»
„ q u i lui pendoient départ Sc d’autre furies
„épaules. £ile avoit de grandes bo.ucles aux
„orei lles , d’où tomboient des grains de co-
„ r a i l enfilez. Ces Dames lui offrirent chacu-
„ ne un petit tonneau fait d’écorce d’arbre,'
„ r emp l i de poilfon fec » & la plus jeune un
„tonneau d’éturgeon , jaune .comme de l ’or/
„ Il les régala,à fontour,:d\eau-de-vie.&: de ta-
„ b a c , qui font de grandes délicateffes parmy
Ses meu- „ e u x . Cette cabane, n'avoit pour tous men-
bies* „ b le s , que quelques b e r c e a u x d e s coffres
„ faits
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ’ 3 5 5
¿ faits d’écorces, dans lefquels étoient leurs
„ lits, remplis de raclures de bois, aufli mo-
„ lettes que des plumes. Les berceaux étoient
» aubout de la cabane, remplis d’enfants nuds,
„ Sc le feu au milieu. Il n’y a vo i t , pour toute
„b a t te r ie de cuiixne , qu’une feule marmite
de cuiv re , Sc quelques autres d’écorce d’ar-
, ,b re s , dont ils ne peuvent fe fervir quand il
„ y a de la flàïnme.
„L o r s qu’ ils prennent du tabac , qu’ils ai-
ment fo r t , tant les hommes que les femmes,
.j,ils s’empliffent la bouche d’eau, & avalent
„ la fumée du, tabac avec cette eau. Cette fu-
mée leur ôte tellement là refpiration qu’ils
^ tomb en t , & demeurent quelque-tems cou-
„ chez à terre fans connoiifance, les yeux ou-
■y, v e r ts , Sc l’écume à la bouche , comme des
„perfonnes attaquées du mal caduc : i l s’en
j, trouve même quelquefois qui meurent en
„ cet état ; d’âutres qui tombent dans la Ri -
v ie r e , ou dans le feu, Sc périffent miférable-
„ ment ; Sc quelques-uns qui font fuffoquez de
„ cette fumée.
„ I ls fe mettent fort en colere , lors qu’on
parle de leurs parents, ou qu’on les nomme,
„ bien qu’ils foient morts depuis long-tems.
„ I ls ignorent abfolument -ce qui s’eft paffé
3 ,dans le monde, avant leur tems , Sc ne fa-
y vent ni lire ni écrire. Ils ne s’appliquent
Tom. III, Y y „ au ili
1 692..
•24. Août.
Maniere de
fumer.
L e s confé-
quences qui
en réful-
tent.
Leurs
moeurs.