ijo V o y a g e s
j yoz. Comme ce changement fe pourra éfacer avec
v le t em s , jufques à la mémoire des anciens h a billements
du païs , j ’ay peint fur d e là toile
ceux des Demoifelles ., ôc l ’ay fa it de c ô t é , ,
pour qu’on put mieux diftinguer les o rn e ments
du derrière de la tête. C omme onpeut
le vo ir dans les deux figures.
il faut obferver que la chevelure découverte
marque que c’eft une fille , parce que ce fe-
roit une efpece d’infamie à une femme mariée
de ne la pas c o u v r i r .C e l le s c y ont un b o n net
fourré fur la tê te , plat par-delfus & rond
par-deifous, pointu à l ’entour , en gui fe de
co u ron n e , St enr ichi de pie r re r ie s , auifi-bien
derrière que p a r -d e v an t , ôc a deux pointes.
Ce bonnet fe nomme Ttyoehg.
L ’ ornement de tête des filles , reprefenté
i c y , eftauifi en guife de couron n e , enr ichi de
perles & de diamants , appelle Pererwaske. Il
y en a qui y attachent un rubanJ) qu’elles nomment
S<-u<-uertske ~ ce qu’elles portent autour du
co l ie nomme OJàrelje, ôc lespendants-d’oreil-
les Sergé. L a Robe de deifus , doublée de fou-
rure , s’appelle Soebe, & celle de deifous TeU-
grea ou Serrataen ; la chemife Roebachi. Les manches
en font fî larges ôc te l lement p li ifé e s ,
q u ’on y employé 1 6. à 17. aulnes de toile. Les
braifelets , ou ornements des b r a s , qui leur
tombent
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . ' i j i
tombent fur les mains fe nomment Sarokanjie.
Leurs ba s , qu’elles n’attachent p a s , 'X^oelki, ôc
leurs pantouf les, qui font ro u g e s , ou jaunes ,
ôc ont les talons fort élevez ôc pointus , Baf-
makje
Outre ce changement de mod e , on a ob l i gé
les Ruifiens à fe faire rafer ,. à la réferve
des mouftaches, que les gens de Cour 8c plusieurs,
autres ne por tent même plus. Et pour
'faire exécuter cet Ordre à la r igu eu r , on employ
a des perfonnes pour couper , fans di-
itinêtion , les. barbes, de tous ceux qu’ils ren-
çontreroient.. Ce la parut fi rude à bien des:
gens , qu’i ls - tâ ch o ien t d’ébloüir ceux qui
avoient. cet te Commiifion ,, à force d ’argent ;
mais.inutilement,puis qu’ils en rencontroient
immédiatement après d’autres , qui ne leur
faifoient point de quartier. Cela fe fa i fo i tmê -
me à la. table du Cza r j ôc par tout ailleurs ,,
aux perfonnes de la première qualité. On ne
fauroit cependant exprimer, la douleur que
cet te réforme caufa à bien des g e n s , qui ne
pouvoient fe confoler de perdre des barbes,,
qu’ ils avoient: portées fi lo n g - tems , ôc qu’ils-
eifimoient des marques d’honneur ôc de con-
fidération. Il y en a vo it même beaucoup qu i
auroient donné de groifes. fomm.es pour s’e.a.
exempter..
Ce changement .n’a pas.été fi g r an d p a rmy
les;
1701,
5 . Juin.
On coupe
les barbes.