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i s . May.
L a V ille de
Zaritfa.
L ’ lfle de
Serpinske.
appareillâmes immédiatement après , & nous
arrivâmes â deux heures du matin â Zaritik,
où nous reftâmes jufques au matin dix-huit ié-
me , ôc continuâmes nôtre route au lev er du
Soleil. Cet te V i l le , qui eft au 48. degré 13.
minutes de la t i tu d e , eft peu confidérable -, elle
eft fituée fur une colline ,, ôc enfermée d’u7
ne muraille de bois , flanquée de Tours. T o u tes
fes maifons font aufli de bois , ôc il n ’y a
qu’ une feule Egli fe de pierre , qui mêmen’é-
toi t pas achevée lorfque je paifay en cet endroit
, ôc que j ’en fis le deffein. Depuis là ,
ju fqu’à Af tracan , on trouve dans les bois
beaucoup de R é g l i f fe , dont la t ige a trois ou
quatre pieds de haut. L ’ Ifle de Serpinske , q u i
a n . njrverjles de lo n g , eft un peu au-delà. IL
y a derrière cet te Ifle un Canal de communicat
ion , entre le Don ôc le W o lg a , que l ’on
dit qui ne porte point de Barques, ôc que les
Rufïïens nomment Serpinske , comme l ’Iile.
Quand nous eûmes fait environ 60. nj^verfies,
les Montagnes commencè rent à di fpa roî tre ,
& le lit de la R iv ie r e s’é largit tellement en
cet endroi t - là , que comme nous avions alors
lè v e n t qui nous pouflbit avec v io len c e , nous
eûmes bien de la peine à empêcher nôtre Barque
d ’a ller donner contre terre. Une de nos
Chaloupes donna même fi rudement contre
le gouv ernail ; qu’on fut obligé d’en couper
' - d e C o r n e i l l e l e B r u y n .' 1 7 3 ’
la corde ôc de la lailfer couler à fonds. Ce - 1763. 1
pendant on auroit pû prévenir cette perte , 18. Map
puis qu’ il n’y a vo it qu’un moment que j ’en
étois fo r t i , y ayant vû entrer l’eau, pour en
tirer un chien de chalfe que j ’avois ôc le mettre
dans l ’autre Chaloupe, qui étoit plus g ran de
ôc meilleure. Il s’y me t to itmême des Paf-
fagers pendant la n u i t , la grande Barque ne
pouvant les contenir tous. Nous ar rivâmes,
au coucher du S ole i l, iT^enogart a. zoo.as^ve r- La Ville do
ftes de Zaritjk, le v ent nous ayant fa v o r i fé c e Tzeaogar.
jour-là. Ce t te V i l le eft à 300. ai^verfies d’A -
f t ra can , fur une M o n ta g n e , à la droite de
la Riv ie re . La première choie qui s’y offre à
la vûë eft un Corps-de-Garde , dont on ne
v o i t que le haut. On en trouve un femblable
de l’autre côté , de bo is , ôc en forme de lanterne.
La V i l le eft p e t i t e , ôc ceinte d’une muraille
de bois , flanquée de Tours. Il n’y a
rien de remarquable au-dedans ; on trouva
iept ou huit méchantes maifons fur le riVage.,
Les Ruffiens voulûrent y aller , à ce que je
c ro y , pour diftribuër aux pauvres quelque
argent , qu’ils avoient amaffépendant le m auvais
tems. Le v ent étant f o r t , ôc le cours de
la Riv ie re v i o l e n t , nous fûmes pouffez affez
loin au-delà de la V i l l e , ôc oblig ez de m oui ller
l ’ancre ; mais le c a b le , qui n’étoit pas af-
£ez fort fe çaffa. Je L'avais bien prévû , ôc
Tom. III, M m a vo is