2.5© V o y a g e s
ne font rien que s’eny v re r ces jours-là. F e i ï
v is auiïi plufieurs en cet état , couchez dans
les ruës. C ’ef tunplai f ir de vo ir de quelle maniéré
les pauvres te tiennent tou« les jours dev
an t les Kabais o um a i fo n so ù l ’on vend l ’eau-
de-vie. Je reftay quelques heures dans celui
où nous achetâmes la n ô t r e , pour v o ir les extrav
agances 8c les folies de e e s iv ro g n e s , lorf-
que la boiiTon commence à leur monter à là
tête. Mais il faut qu’ ils retient dans la rue, car
il ne leur eft pas permis d’entrer dans lamai-
fon. Il y a à la porte une table , fur laquelle
ils met tent leur a r g e n t ,. 8c puis on leur rnefu-
re la quantité d’eau-de-vie qu’ ils fouhaitent ,’,
qu’on tire d’un grand chaudron , a v e c une
cuëiller de bo is , 8c qu’on met dans une tafle
de même» La plus petite mefure fe v en d deux
liards. Ils font fervis ainiî par une p e r fon n e ,
qui n ’eft occupée qu’à cela toute la journée, 8c
qui eft accompagnée d’une aut re , qui re çoi t
l ’argent . Les femmes y von t comme les hommes
, 8c fe faoulent de même. Je vis faire le
même manège dans un Kabak à biere , où i l
leur eft permis d’entrer pour boire. O n eft ain-
fi réduit à fe procurer ces petits amufements,
dans un païs qui n ’en fournit point d’autres.
Nous nous embarquâmes le f ix iéme , pour faire
venir nos gens à bord , 8c nous paftames la
¿mit fur laR iv ie r e . Le lend ema in, de bon ma-
Y) e C o r n e i l l e l e B r o y n . ' z $ i
t i n , nous continuâmes nôtre v o y a g e ; 8c en
jpaffant par devant la V i l le 8c le Fauxbourg ,
la vuë m’en parut il b e l l e , que j ’en fis le def-
fe in qu’on trouvera à fon num. Nous ne v î mes
rien deconf idérable ce jo u r - là , que deux
V i l la g e s qui é to ient fur la g au ch e , dont il y
e n a un for t grand nommé Vveefna, 8c à droit
e le Monaftere deBeftjirsie, grand bât iment de
pierre , à la réferve des toits , avec plufieurs
maifons à droite 8c à g a u ch e , à une njruerjle de
la V i l le . Nous vîmes aufiï une pet ite Egli fe
nommé e fajfiofhi, fur une mo n ta gn e , 8c quelques
centaines d eperfonnes,qui s’y rendoient
de tous cotez de la V i l le 8c des lieux c ircon -
vo i f in s , pour célébrer la F ê te , 8c q u i fa i fo ien t
tendre des tentes pour fe diver t ir . Nous reliâmes
à 3. rvverjles de la V i l l e , jufqu’à fept
heures du matin , feptiéme du mois , 8c vers
le rnidy nous trouvâmes au milieu de la R i v
iè r e une I l le , qui avoir bien deux <v<verfies de
lo n g , 8c étoit remplie d ’arbres. Nous paifâmes
•enfuite à côté de plufieurs montagnes , 8c d ’une
autre Ifle fans a rb r e s , 8c laiflames la R i vière
de Kerjimie , 8c le Monaftere de Makaru
à gauche, C ’eft un grand bât iment de p ie r r e ,
c e in t d’une belle muraille de même, qui ref-
femble à un Château ou une Forterefle v i l eft
quarré 8c a une T ou r à chaque jcoin; J ’autois
bien voulu le defliner -, mais le jour étoiÉ trop
I i ij avancé.