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1701. l ’étofe qu’ils c o u fen t , auifi-bien qu’on le fait
i i . May. parmy n ous , fous le g e n o ù i l o u en l ’atta-
Hermites chant. ( a )
Ru/Sens. J ’a l la y , au commencement de J u i l le t , ave c
un de mes amis à Probrofènskp > vo ir trois Mer-
mites , prifonniers depuis 4. ou y. jours. Ils'
a vo ient demeuré aux environs d’Afoph , fur
une
( a ) Il eff bon d’avertir
icy , une fois pour toutes j
que depuis que le commerce
de ce païs y a attiré beaucoup
d’Etrangers, & que le
Czar , qui. régne aujourd'hui
, afâitplufieurs voyages
dans les païs Etrangers,
les maniérés des Rufliens
font beaucoup changées, 8c
qu’ils commencent à prendre
, fur tout les gens.de
condition , un air de poli-
tefle qu’ils n’avoient pas
fous les Prédécefleurs de ce
Monarque , à qui la Mofco-
vie fera un jour redevable
d’un grand nombre d’éta-
bliiTements trèa-utUès à la
Nation. On fait que ce Prince
attire beaucoup d’Etran-
gers en Mofcovie ; qu’il y
établit les Arts & les Manu-
fâélures ; qu’il travaille à'
perfectionner laNavigation
& la Géographie; qu’il commence
à introduire dans feÿ,
vaftes Eftats la connoiiTance
des Sciences , que la barbarie
de ces PrédéceiFeuri •
avoit labiées incultes &
qu’il a depuis peu fait imprim
e r , à fes dépens, une/Bible
en Langue Ruflîenne, .
dont chaque famille fera
obligée d’avoir un exemplaire
, ce qui ferai également
utile, pour apprendre :
les fondements du ChriiHa-
nifme à ce peuple aufli igno-:
rent que groflier, 8c à déraciner
une infinité, d’erreurs
qui s’étoient introduites
en matière de Religion. ■
Il y a même lieu d’efperer
que lès Ecoles publiques, ,
& les Académies, qu’il commence
à établir-, achèveront
bien-tôt de bannir la
barbarie 8c l ’ignorance, 8c
changeront èntieremeirt la
facede ce vafteEmpire.
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . j i $
une petite r iviere , qui v a fe décharger dans
le Danube. Je fus furpr is , de leur maniéré ôc
de 1 eur habillement. Le plus ancien avoit en-
v i r o n y o . an s , ôc les deux autres paroiifoient
en avoir plus de 50, Le premier avoit demeure
40. ans en ce lieu- là, dans le creux d’un ro-
/ e h e r , où il avoit été pris une fois par les Ta r -
rares ôc vendu aux Turcs » d’entre les mains
defquels s’étant fauvé peu aprè s , i l .étoit retourné
à Ton H e rm i ta g e , où il avoit toujours
demeuré depuis. Ils étoient accufez,à ce qu’on
d i fo i t , de s’être é lo ign e z d e là Foy Ruifienne;
mais ils s’en défendoient , ôc fouhaitoient
qu’on les fit examiner,déclarant qu’ils étoient
prêts à fe foumettre aux plus grandes peines
pour la gloire de Jefus-Chr ift , quoy qu’ils ne
fçùifent ni lire ni écrire. Ils n’étoient yétus
<jue d’une robe de bure ; les cheveux entièrement
n é g l i g e z , leurpendoient jufquesau milieu
du d o s , & leur couvroient le v i fa g e , de
maniéré qu’ôn ne pouvoir les vo ir fans les en
é lo ign e r d e là main. Ils avoient fur l ’eftomac
une grande croix de f e r , qui pefoit bien quatre
livres , attachée à deux bandes de même ,
qui leur palfoient par - deifus les épaules ôc
-tomboient fur le dos , étant acrochée à une
autre ièmblable, qiii leur fervoit de ce inture
ôc etoit jointe par-devant au bas de cet te
c ioix fur l eftomac. Les deux derniers avoient.
P ij une
1701,
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