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M. Décemb.
Kolmogora.
L a riv ie re
de Dwina.
g ' V O Y A G E S
couvert de la pluye 8c de la neige, ô n mar*
che jour & nuit , chaque traîneau étant tire
par deux chevaux , qu’on change de quinze
en quinze vverjles , dont c inq font une lieuë
d’Allemagne.Elles cont iennent aprefent cent
braifes, & chaque braife trois arjïennes, ou aulnes
de Hollande. On ne fort du traîneau qu’une
fois par jour pour manger. Apres avoir tra-
ver fé plufieurs v i llag e s nous arrivâmes le
vingt -deuxième , fur les trois heures apres-
m id y , à K^olmogora, qui eft environ à 50. Wétjles
d’Archang e l. i ;
Cet te v i l le eft affez grande ,& fituee au Sud-
Oüeft de la Dvvina, qui eft une des premières
rivieres de Ruifie. Elle a fa fource dans la partie
Méridionale de la P ro v in c e de Vvologda s
8c après un aifez long cours , pendant leque
elle reçoit plufieurs autres r iv ie re s , elle v a fe
décharger par deux embouchures dans la Mer
Blan ch e , un peu au-deifous d’Archang e l. (a)
Comme
(a) L ’Auteur a dit dans le
Chapitre précédent que cette
riviere fe jette dans la
Mer à fix lieuës d’Archangel
i M. Baudran, dans fon
PiéUpnnaireGeographique,
n’y met que fix m illes d’Al-
Jemagne. L e moyen de perfectionner
la Géographie,
quand on trouvera fi peu
d’exaditude fur des difian-
ces qui dévroient être fi
connuës, par le grand nombre
de vaifieaux qui vont
tous les ans dans ce païs. On
peut vo ir ce que j ’ay dit du
cours de cette riviere dans
une autre Remarque.
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 5 7
’t om m e Mr. Kinfius connoiffoit le F'iadika ,
c ’eft-à-dire,l’Ar ch e v êq u e de cette, vi lle , nous
pliâmes lui rendre vi f ite. Il nous reçût fort
h onn êtement , 8c nous régala d’eau de canel-
le , de v in rouge , & d’une biere admirable ,
boiifon ordinaire du païs.Il nousprefenta auiït
des dattes d’E g y p t e , 8c plufieurs autres rafraî-
chiiTements. C ’étoit un homme de 50. a n s ,
nommé Affonaffi., Il étoit logé dans fon propre
P a la is , qui eft aifez grand & jo in t au Mona-
ftere. Après avoir paifé deux heures de tems
fort agréablement a ve c ce Prélat,qui eft homme
de bon fens & amateur des belles le t tre s ,
i l nous mena dans une falle baife remplie d’armes.
Il y a vait entr ’aucres, deuxpetits canons
de b ronze, qu’iLavoit fait fondre àfes dépens,
ôc deux pièces de f e r , tirées des barques Stté-r
doifes, dont on a parlé cy-deifus. Lorfque nous
prîmes congé de lui , il nous fit accompagner
jufques à nôtre Auberge par cinq Ec -
clefiaftiques , dont l ’un étoit chargé de cinq
pains , 8c les autres de poiflon fec & d’autres
provif ions. Nous partîmes fur les dix
heures du foir avec des chevaux frais , que
nous obtînmes avec bien de la p e in e , parce
qu’il venoi t de paifer plufieurs autres v o y a geurs
, p ourvû s , comme n o u s , de Podwodens,
qui ayoientpr is la plûpart des chevaux de la
vi lle .
Tom. III. pq Le
1701 '.
11 . Dectnib.
C iv ilité de
l ’A rch ev ê.
que de K o lmogora.