jo V o y a g e s
17OÎ- maniéré de lesenter rer , o u d ’en difpofer après
r mort , laquelle eit fort extraordinaire,1
Lors qu’un enfant à la lïvammelle, où ils.les
t iennent un an , v ien t à mourir fans avoir
goûté de viande , ils l ’enveloppent dans un
drap 8c le pendent à un arbre dans les bois.'
Mais ceux'qui meurent , après être parvenus
à l ’âge d’un an , font mis en terre entre quel-,
ques planches. Aufli - tôt qu’un enfant naît
p a rm y e u x , ils lui donnent le nom de lapre-,
miere créature , qui entre dans leur T en te ,'
foit homme ou b ê te , ou de la première qu’ils
rencontrent en fortant. Ils lui donnent même
fouvent celuy de la première chofe qui s’oifre
à leur vùë , foit r iviere , arbre, ou autre chofe,
Leurs Ma- Lors qu’ ils ont envie de fe mar ier , ils cher-
idages. chent une femme â leur gré , 8c puis la mar chandent
&c conviennent du prix avec fes plus
prochesparents , comme l ’on fait parmy nous
lors qu’on acheté un cheval ou un boeuf, Ils
en donnent jufques â deux, trois 8c quatre Rennes
, que l ’on eftime ordinairement quinze ou
v in g t florins la piece. Ce t te fomme fe pay e
quelquefois en argent comptant , félon qu’ils
en conviennent . De cet te maniéré, ils prennent
autant de femmes qu’ils en peuvent entretenir
; mais i l s ’en trouve qui fe contentent
d ’une feule, Quand leur femme ne leur plaît
plus, ils u’ont qu’à larendre aux parents , dont
ils
d e C o r n e i l î e l e B r u y n . 31
ils l ’ont achetée , qui font ob lig ez de la reprendre
, pourvù que le mary rende la dot
qu’ il avoit reçue. J ’ay oui dire qu’il y a d’autres
Samoïedes, qui demeurent le long de la
côte de la m e r , 8c en S y b e r ie , qui fe mar ient
de la même m aniéré, & qui vendent leurs femme
s , lors qu’elles ne leur plaident plus. Leur
pere ou leur mere venant â mourir , ils en con-
ie rv ent les os fans les ente r re r ,. Sc j ’ ay même
appris,de témoins oculaires , qu’ils les n o y en t
lors qu’ils font parvenus à un âge fort avancé*,
8c ne font plus bons â rien. Enf in, lo,rs qu’un
homme meurt parmy e u x , ils le m e t tent dans-
une fo f le , habillé.comme il étoit pendant fa
v i e , 8c le couvrent de ter re, Enfui te , ils pendent
à un arbre fon a r c , fon carquois , fa hac
h e , fa marmite , 8c toutes les chofes dont i l
fe fe rvoit pendant qu’il éto i t en v ie . Ils enter
rent les femmes de la même maniéré.
Après avoir été informé de leurs moeurs 8c
de leurs maniérés , je fouhaitay d’apprendre;
leur croyance 8c leur R e l ig io n . Je nTadreflay
pour cela,.ac compagné de mes amis*â un Sa—
moïede , que je régalay d’eau-de-vie pour l e
mettre en bonne humeur ,-car fans ce la ils fo n t
fort refervez 8c nepar lentguéres. Je meref--
fouvins en ce momen t , que l ’Ecriture Sainte;
marque,que lesPayens,fans connoître là Loy,,
ne laifloientpas de 1 a c c omp l i r , par les feules
lumie--
j 7 o ï»
1 Sepurr.b’