
■I
INTRODUCTION.
La récente relation que M. Eâlgrave a donnée de 1 Arabie
mérite à un double titre une grande et sérieuse attention.
Elle la mérite par son importance, car ce n ’est pas trop
djre que de lui donner place parmi les plus remarquables
de notre époque, qui a vu s’accomplir de si grandes et si
Glorieuses explorations; elle la mérite aussi par ce fait singulier,
qu’exécuté par un Anglais, rédigé en langue anglaise
et publié en Angleterre, le voyage est cependant en réalité
une expédition française, puisqu’il a été fait non pas, il est
vrai, aux frais de l’État, mais sur les fonds généreusement
fournis p a rla munificence privée de l’Empereur. Jamais,
assurément, la main libérale du souverain ne se sera ouverte
plus à propos et n’aura été mieux récompensée; car
cette traversée de l’Arabie— ce pays si célèbre et jusque-là
si peu connu—est du nombre des entreprises qui marquent
non pas seulement dans l’histoire géographique d une contrée
particulière, mais dans l’histoire générale de lascience.
Il est en effet des époques dans l’histoire des sciences qui
semblent particulièrement destinées à de rapides découvertes.
De longues périodes se seront écoulées dans une somnolence
apparente. On aura vécu sur les acquisitions anciennes,
à peine entamées ça et la par quelques tâtonnements
indécis. Puis tout à coup, sans que rien à peine ait trahi le
travail intérieur, un moment arrive où les découvertes éclatent
et se succèdent avec une spontanéité merveilleuse. Notre
époque est consacrée entre toutes à ces incessantes et