
rieu r des maisons, quand on est sûr d’échapper aux regards .des
« saints. » Le gouvernement de Riad envoie souvent de fougueux
missionnaires prêcher aux Kasimites une réforme qui leur est
odieuse, et la moindre infraction au Coran devient u n crime
puni par la loi.
Si nous visitons les maisons, nous verrons que leur disposition
intérieure diffère de celle qui est en usage au Djebel
tShomer. Dans les villes du Kasim, les habitations étant serrées
les unes contre tes autres, il devient indispensable de ménagerie
te rra in ; les cours sont plus petites, les chambres plus étroites,
et, chose presque inconnue à Hayel, un étage surmonte o rdinairement
te rez-de-chaussée. L’abondance du bois rend le
charbon superflu, aussi tes petits fourneaux du Djowf et du Sho-
mer ont disparu pour faire place à d esâtres garnis.de pierre et
munis de chenêts, et assez semblables à ceux qui existaient autrefois
en Angleterre. On y entasse des piles de bois, et le café,
qui est ici d’une qualité tout à fait supérieure, — car l’Yémen
envoie au Kasim ses meilleurs produits., — se prépare à la
joyeuse flamme du foyer.
La conversation roule presque toujours en ce moment sur la
g u e rre ; on se plaint des Wahabites, nous écoutons les doléances,
e t nous apprenons à connaître le système de gouvernement pratiqué
p a r les Nedjéens, système contre lequel s’élève pourtant
une-sourde réaction.
Mais nous avons assez parcouru la ville. Les rues sont étroites,
remplies de poussière, inondées de soleil, tandis que les ja rdins
conservent encore une délicieuse fraîcheur; traversant donc un
dédale de ruelles enchevêtrées les unes dans les au tre s, nous
retournons à la grande ru e qui longe les remparts.
Nous arrivons devant une porte e n ruine fermée p ar de
lourds verrous. Personne n’est là pour les ouvrir, mais une tourelle
voisine, à demi détruite et complètement abandonnée,
donneaccès dans lacampagne.Nous franchissons un amas de décombres,
seuls vestiges qui ma rquent encore la place d ’un large
escalier to u rn a n t, et nous nous trouvons en face d’une fenêtre
ouvrant su r les ja rdins. D’autres avant nous avaient frayé cette
voie insolite, des-enfants vagabonds avaient élargi l ’ouverture
e t disposé des p ie rre s en dehors des murailles pour faciliter
le saut périlleux; nous nous hasardons à su iv re l’indication qu’ils
o nt laissée, e t liinstant d ’après nous sommes e n plein air, a s p iran
t la douce brise du matin. Des palmiers touffus nous p rêtent
leur épais ombrage, le maïs -étend.-sur le sol son .tapis de velours
v e rt de nombreux cuisseaux, alimentés p a r les puits voisins,
répandent autour d?eux la fertilité.
Ces puits so n t à peu près-eonstruits de la même manière dans
toute l’Arabie ; ils diffèrent p ar les proportions, mais *le méca^
nisme hydraulique est semblable ¿partout. Sur l’ouverture des
puits est posée une traverse, soutenue h chaque extrémité p a r
des piliers de pierre. A cette pièce de bois sont fixées de petites
poulies, -sur lesquelles passent les .cordes qui supportent les
-seaux. Ceux-ci, f o r t grands e t faits ordinairement en cuir,
montent et descendent p ar le mouvement que leur impriment
des chameaux ou des ânes .qui, d’un pas lent, se rapprochent
et s’éloignent en suivant un plan incliné. Quand les seaux arrivent
au bord du puits, ils Rabaissent pour verser leur contenu
dans un large canal qui le porte au réservoir d’où partent les
ruisseaux. Cette disposition très-inférieure au procédé -suivi
en Egypte et en Syrie, présente plusieurs inconvénients, entre
autres celui de ne pas alimenter les courants d’une manière
continue. Les seaux, -souvent en mauvais état, laissent retomber
dans le puits .1a¿moitié du liquide qu’ils devraient répandre au
dehors; mais le grincement des roues et le bruissement de l’eau,
qui-s’entendent à une grande .distance, paraissent une musique
harmonieuse au -voyageur -altéré, brûlé par le soleil, aspirant
après l ’ombre et le .repos.
Cachés au milieu des hautes herbes, e t ¡loin de la pieuse in quisition
des Nedjéens, nous fumons tranquillement une pipe,
puis nous nous dirigeons vers une haute colline de -sable, -.couverte
d ’ithels, qui borde en cet endroit les te rre s cultivées. La
p e n te est raide, glissante; la curiosité cependant nous pousse à
la gravir, et, quand nous avons a tte in t le sommet, nous nous
trouvons amplement payés de nos peines. Des îles de verdure
parsèment l’océan .de sable, des villageois co n d u isan t des ânes
ou des mule ts chargés de provisions, des cavaliers p o rtan t fièrem
e n t le u rs lances s u r le u rs épaules, des voyageurs craintifs
rassemblés en troupes nombreuses, parcourent le s routes qui
-sillonnent la plaine, et plus -loin, la ville ¡diOneyzah élève à l ’horizon
ses-sombres tourelles. Parfois u n p rom en eu r solitaire s’a