
auraient p u prévoir dès lors la courte durée et la dissolution
et les habitants de l’Hedjaz, existait de
temps immémorial une antipathie profonde, qui avait sasource
dans l’extrême dissemblance des deux races rivales. Le Nedjée
patient froid, lent à p réparer ses moyens d’action, plus tenace
qu’u n dogue quand il a saisi sa proie, attaché aux usages de ses
ancêtres et à sa te rre natale p a r u n patriotisme ra re en Orient,
n i de se résigner à la domination étrangère, sobre jusqu a
S é r i Î é ennemi du luxe et du faste des nations voisines forme
u n contraste frappant avecl’Hedjazite inconstant et leger, bavard,
passionné pour la pompe e t l’éclat, qui commence to u t mais
se lasse bientôt et abandonne ce qu’il a entrepris. Les écrivains
arabes p a rlen t souvent de l ’opposition qui existe entre les
deux peuples, mon expérience personnelle m’apprit a reconnaître
la justesse de leurs observations : I Le Nedjed dit 1 un
d’eux est la patrie des grandes âmes ; les autres peuples semblent
des nains, auprès de ce géant. Quant aux ommes e
l’Hedjaz, ils sont incapables d ’accomplir aucune noble e t difficile
et e s P^ é n e L e n ts politiques,, effets et causes d e cette différence
de caractère, changèrent en haine violente
des deux races. A l’époque de la grande lu tte qui éclata ve
l’an 500 de l’ère chrétienne,le Nedjed, sous la conduite de Roleyb
Waïl s’é ta it ren d u maître de l’Arabie, et avait gardé pendant
plusieurs siècles une prépondérance que personne ne songeait
à lui disputer. Mais la suprématie lui avait été enlevee p ar
antique rival l’Hedjaz, e t enlevée dans u n e guerre qui avait fait
couler des fleuves de sang au milieu des vallées nedjéennes, u
immense désir de vengeance s’était donc allumé dans le coeur
“ es tribus du centre, qui attendaient avec une impatience
mal contenue le moment favorable pour secouer le joug détesté
d\ ” c fd u golfe Persique n’étaient guère moms disposées
à rompre l’unité politique et re lig ie u s e im p o é e p a rM
met Sous le rapport des moeurs et des institutions, le K ahtamte
diffère complètement des branches ismaélites de 1^ rande a '
nulle a ra b e ; de plus, le sabéisme avait je te dans 1 Oman et le
districts voisins des rac ines trop profondes p o u r être aisémen
extirpées : aussi la mission douteuse du prophète avait-elle trouvé
plus d’un incrédule dans les États de l’o rie n t
Le reste de la Péninsule, à peu d’exceptions près, regardait
l ’islamisme comme la religion nationale, et La Mecque comme le
centre du pays. Les Bédouins cependant ne doivent pas être
compris dans le nombre de ces fidèles disciples du nouveau
dogme ; le Coran lui-même avoue que la parole de Mahomet
avait eu peu d’action sûr eux ; tels ils étaient avant l’hégire,
tels nous les voyons aujourd’hui; « ils o n t la mobilité de l’eau, »
et, de même que cet élément, 1s sont incapables de recevoir aucune
impression durable.
Sous les règnes d’Abou-Bekr et d’Omar, l’empire arabe conserva
sa splendeur première; e t la gloire de ses conquêtes fit
taire les mécontentements et les impatiences qui fermentaient
dans son sein. Mais la faiblesse d’Athman et les guerres civiles
qui agitèrent le règne d’Ali donnèrent aux révoltes l’occasion de
se produire.
En effet, dès que les chefs de l’islamisme tournèrent leurs épées
l ’un contre l’autre, l’Oman, avec les provinces voisines, se détacha
du royaume arabe. Le Nedjed se leva en armes et fit cause
commune avec Ali, afin de se venger de l’Hedjaz, qui avait reconnu
Moawiah. Bientôt cependant le triomphe des Ommiades
mit fin à cette anarchie sanglante. Les premières années de leur
califat furent marquées par des actes de vigueur ; ils é tab liren t
entre l’Arabie et Damas, où ils avaient transporté le siège de
l’empire, d’étroites relations qui obligèrent le Nedjed à reconnaître
une fois encore la suprématie des héritiers du prophète.
Mais vingt ans à peine après la mort de Moawiah, les clans du
Djebel-Shomer levèrent l’étendard de la révolte et le calife, victorieux
partout ailleurs, n ’osa envoyer ses troupes contre les
farouches montagnards qui, peu d’années auparavant, avaient
taillé en pièces l’armée de son lieutenant Ommiah, arrière-petit-
fils d'Othman. Mais les habitants du Shomer, satisfaits de leurs
premiers triomphes, et craignant d’attirer sur eux la colère d’un
ennemi assez puissant pour les exterminer, se soumirent volontairement
au souverain de Damas, Abd-el-Melek. L’Arabie pacifiée
p a ru t encore former u n État homogène ; toutefois l’Oman,
qui s’était séparé de l’empire, demeura étranger à ce rapprochement.