
tière.. Si 1 on ajoute à ces hauts plateaux du centre, c’est-à-
dire au Nedjed, en prenant le mot dans son acception la plus
large, le Djûf, le Tâyif, le Djébel Açêr, le Yémèn, l’Oman et
le Haça, en un mot toutes les parties fertiles appartenant
aux cercles extérieurs, on voit que les deux tiers de l’Arabie
environ se composent de terrains cultivés, ou tout au
moins cultivables, et que. le désert proprement dit, le désert
absolument stérile et inhabitable, forme l’autre tiers,
piincipalement au sud. Dans la plupart des autres directions,
les vastes espaces blancs que présentent les cartes indiquent
aussi souvent, comme le remarque très-bien M. Palgrave,
l’absence d’informations que la non-habitation.
Enveloppée par cette large ceinture de déserts plus ou
moins praticables qui l’isolent des provinces maritimes, la
région centrale est par excellence la partie habitable et salubre
de la Péninsule. Le frappant contraste quelle offre
avec la nature désolée qui l’entoure en fait encore mieux
ressortir les avantages physiques. Son élévation générale
au-dessus du désert lui donne un climat fortifiant et relativement
tempéré aux confins du tropique,, et les eaux nombreuses
de ses vallées y répandent la fraîcheur et la vie. Une
végétation abondante y signale tous les centres d habitation.
Les villes-y sont nombreuses et quelques-unes considérables,
avec une multitude de villages. Villes et villaees
tout est entouré de jardins et de champs en culture,,et pour
ainsi dire enterré dans des forêts'de dattiers; tandis que
de vastes pâturages nourrissent la plus noble race de chevaux
du monde, l’orgueil du pays.
Les observations de M. Palgrave sur la configuration de
1 Arabie centrale, apportent d ailleurs leur contingent à un
ensemble tout nouveau de données physiques. sur l'intérieur
de la Péninsule, fourni par un infatigable et savant
investigateur que nous avons déjà nommé, M, Wetzstein.
Une question d’un extrême intérêt à tous égards, celle des
eaux courantes en Arabie, se présente avec des circontan-
ces jusqu’à présent ignorées ou négligées, et d’un caractère
inattendu. C’est un fait universellement admis que la Péninsule
ne renferme pas un seul cours d’eau permanent qui
mérite le nom de rivière. Cette assertion est peut-être un
peu absolue pour quelques parties de la région montagneuse
qui domine les plages de la mer Rouge; et dans
l’intérieur même, les informations recueillies par M.Wetzs-
tein, ont fait connaître à cet égard une particularité curieuse.
A certaines époques de l’année, un immense ouadi appelé
el-Roumma, qui traverse l ’Arabie du sud-ouest au nord-est,
se remplit de l’eau courante qu’y versent les pluies tropicales
et qu’y apporte une multitude d’affluents, au point de
fournir parfois un véritable fleuve, un fleuve large et profond
de trois cents lieues de développement, qui va se
perdre dans les sables voisins du Chât-el-Arab, ou même
se réunir à l ’Euphrate non loin du golfe Persique. Avee des
eaux permanentes, le Rournma serait un fleuve plus considérable
que le Rhin.
M. Palgrave, qui ne le signale pas. dans son itinéraire,
en a traversé le lit, cependant ; mais c était au mois de
septembre, à une époque de l’année où les pluies qui remplissent
les ouâdis n’avaient pas commencé encore. Il l’a
traversé dans le Kaçïm, près de la ville de Zoulfa, qui figure
dans les rapports recueillis par M. Wetzstein comme
un des lieux situés sur les bords du Roumma. Quoique
l’attention de M. Palgrave ne fût pas éveillée, il n en signale
pas moins l’importance de la profonde et large vallée
de Zoulfa. « Nous avions alors à nos pieds, dit-il, en arrivant
près de cette ville, la grande vallée qui forme la principale
voie de communication entre le Nedjed et le Nord,
car elle s’étend jusqu’au Tigre et à Bagdad. » Et plus loin :