
de gloire et de butin, châtier l ’usurpateur. Mais Abdallah, plus
sage Ait observer qu’un tel délai donnerait à Meshari de temps
de réu n ir une armée, de se fortifier dans Riad et de devenir un
dangereux ennemi. Retourner immédiatement à Riad serait au
contraire le pluSiSÛr moyen de. triompher du tra ître , de venger
le sang.chaud, encore de Turki et de faire ren tre r-la capitale
dans. le , devoir..
Feysul, se rendit à l’avis. d’Abdallah. Sans-perdre de temps, il
re p rit le: chemin du Nedjed ; Meshari le croyait encore dans les-
plaines: de l’Hasa.que déjà .il. campait sous les murs de Riad.
Dès que l’arrivée: d u prince fut connue ; les Wahabites accouru
r e n t en foule sous sa bannière, la capitale ouvrit ses portes;
et Feysul,y fit son entrée au milieu des acclamations enthousiastes
du peuple..
Meshari s’était réfugié dans le palais, dont les épaisses murailles
pouvaient. soutenir un long siège; maître du trésor de
l’État, bien pourvu d’armes et de munitions, défendu par une
garnison nombreuse* il résolut d’attendre les événements* Feysul.
ordonna immédiatement l’assaut, mais le-succès ne ré p
o n d it pas à -son.attente ; ,les, portes de fer, les remparts.massifs
défièrent tous,ses-efforts:; il fallut s e décider à un siège en règle.
Yingt jo u rs s ’sétaient passés sans que ni les assiégés ni les.
assiégeants, eussent obtenu .aucun avantage; décisif ; une nuit,
Abdallah, impatient de mettre -fin à cette-.situation, fût-ce auprix
de quelque d ange r, emmena deux hommes résolus-,..et,
p ro fitan td e sté n èb re s, s’approcha des murs du palais dans 1. espoir
de découvrir u n point,faible ou mal gardé. Une-lumière
b rilla it à une étroite-fenêtre placée près.des créneaux ; là dem
e u ra it u n ancien serviteur du palais* longtemps-attaché à-lapersonne
de Turki, e t dévoué à son fils. Abdallah p rit u n caillou,
qu’il je ta dans l’embrasure de la.fenêtre. Le vieillard avança
timidement la tête : « Qui est là? dit-il à demi voix. L intrépide'
aventurier fit connaître son nom. - Que me v o u le z -v o u s? -
demanda le Nedjéen. . Jetez-nous un e corde, nous nous cha rgeons
du reste* » . .
Le frôlement d’une corde se fit entendre le long du mur. A
l’aide de cet appui, Abdallah et ses deux compagnons penétrerent
dans le p alais: «.Où repose Meshari? | demanda le chef. Le serviteur.
de T u r k i indiqua la chambre de l’usu rp ateu r. Suivant
les corridors obscurs, pieds nus et en silence, les trois hommes
se trouvèrent bientôt devant la porte. Ils essayèrent de l’ouvrir ;
elle était fermée au verrou. Abdallah, d’un coup vigoureux, fit
sauter la serrure.
Meshari dormait avec une paire de pistolets sous son oreiller.
Éveillé par le bruit, il se dressa su r son séant, et aperçut à ses
côtés trois figures sinistres. Saisissant ses armes, il fit feu coup
sur coup : les deux compagnons d’Abdallah tom b è re n t, l’un
privé de vie, l’autre blessé mortellement, mais respirant encore.
Abdallah n’avait pas été atteint, il se précipita l’épée levée sur
son ennemi. Meshari, qui était d’une taille herculéenne, étreignit
son adversaire, et un duel terrible s’engagea entre eux. Tous
deux roulèrent su r le plancher; Meshari se rra it, comme dans
un étau, le bras droit de son agresseur, et s’efforçait de lui a r racher
l ’arme de la main. Pendant cette lu tte désespérée, le
compagnon mourant d’Abdallah, rassemblant ses forces p a r un
suprême effort, se traîna près-d’éux, et saisit le poignet de Meshari
avec u n e telle violence, qu’il lui fit un instant lâcher prise.
Aussitôt Abdallah dégagea son épée, et la plongea à plusieurs
reprises dans la poitrine de son adversaire qui expira sur-le-
champ.
Pas un cri n’avait été poussé, nul dans le palais n ’avait donné
l’alarme. Abdallah coupa la tête de l’usurpateur, puis, ce sanglant
trophée à-la main, il revint dans la chambre où l’ancien
serviteur de Turki attendait dans une angoisse facile à comprendre.
A la lu e u r de la lampe, ils s’assurèrent que les, traits
décomposés du cadavre étaient.bien ceux de Meshari. Abdallah
courut ensuite à la fenêtre, et appela d’une voix haute les soldats
de Feysul qpi se ten aien t non loin des murs du château ;
plusieurs s’approchèrent. * Ramassez la tête de ce chien, » leu r
cria le chef, en je ta n t à leurs pieds la hideuse dépouille. Des
cris de joie e t de triomphe lui répondirent. Pendant ce temps,
le serviteur de Turki ouvrait les portes du palais, promettant
q uartier à tous ceux qui reconnaîtraient Feysul pour leu r maître.
Quelques minutes plus tard, le roi entra it en triomphe dans la
demeure de son père*
Personne n ’opposa de résistance. « C’est la volonté de Dieu, »
dirent les partisans de Meshari en prêtant le se rment d’allégeance
au nouveau souverain.