
PRÉFACE.
Un voyage dans l’Arabie Centrale, entrepris moins en vue de
la publicité que pour voir et étudier p a r moi-même le pays, m’a
permis de recueillir, sur cette partie de la grande Péninsule,
des observations qui m’ont p a ru dignes d’intérêt. A la vérité,
les circonstances dans lesquelles je me trouvais, la contrainte
que mon déguisement m’imposait, ont entravé mes recherches
scientifiques, et m’ont privé des moyens d’investigation employés
d’ordinaire par les explorateurs ; ainsi je n ’avais aucun
instrument pour vérifier les latitudes et les longitudes, déterminer
la température, la sécheresse ou l’humidité de l’atmo-
sphère. Chose plus fâcheuse encore ! il m’était parfois impossible
de prendre une seule note, à plus forte raison d’ouvrir un cahier
d’esquisses ou de dresse r un appareil photographique, si
beau que fût le paysage, si b rillant que fût le soleil. Ma plume
est donc réduite à suppléer au pinceau, et l’imagination de m es
lecteurs devra faire le reste. J’expliquerai plus ta rd , dans le
cours de m on récit, les causes de cette situation exceptionnelle,
dont les inconvénients étaient, du reste, contrebalancés p a r plusieurs
avantages. De longues années passées en Orient, les meilleures
p e u t-ê tr e de ma vie, m’avaient fait acquérir une connaissance
parfaite des moeurs et des usages des nations sémitiques,
et m’avaient familiarisé avec l’idiome arabe au point qu’il
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