
tant une quarantaine de ces guerriers;récalcitranls qui, une fois,
pris, firent contre fortune bon coeur, saisirent leurs lances e t
leurs mousquets, e t sortirent deBereydah avecThéroïque' détermination
de m pas combattre F ennemi, Leur bande se grossit
d’une troupe beaucoup plus considérable de soldats-nedjéens,.
qui, guidés p a r leurs chefs,, avaient quitté leurs t e n t e avec
une résolution to u t opposée quelques-uns, outre les armes
ordinaires, portaient la courte dague de FYémamah, e t à défaut
d’un tran ch an t bien aiguisé, leurs sabres, avaient une ra re
solidité. Barakat e tm o i no u s grimpâmes su r un monticule en
dehors des fortifications^ d’où nos regards s’étendaient su r la
plaine qui a llait devenir le thé âtre de la lutte.
Les défenseurs d’Oneyzah, tous à cheval, etmoins nombreux
de moitié que leurs ennemis s’étaient disséminés au milieu des,
maisons e t des jardins,; ils ne faisaient aucun mal aux habitants
des^faubourgs, se contentant de s’emparer du b utin qui se tro u vait
à le u r portée. Ils se ran g è ren t le long des habitations et
un e vingtaine d’entre eux- se détachèrent pour aller au-devant
des agresseurs. De leur côté, les Nedjéens s’a rrê tè re n t et.se formèrent
en ligne. La tactique d’une bataille arabe est, fo rt
simple. La cavalerie se place’ en tête et provoque l’engagement;
tandis que les hommes, montés su r des chameaux, qui constitu
e n t le corps; principal, re sten t en arrière, comme réserve.
Quand Faction devient sérieuse, c’est-à-dire quand le sang a
coulé, on fait agenouiller les, chameaux qui deviennent chacun
une sorte., de rempart,, derrière lequel s’abritent, deux hommes
armés de fusils ; la cavalerie s’écarte, e t la fusillade, continue.,
jusqu’à ce q u ’une attaq u e de flanc détermine un engagement
g é n é r a l . Les Nedjéens, différents en cela de la plupart.de leurs
compatriotes, p ré fè ren t le. carnage au b u tin ; ils ne font ni ne
demandent quartier;, et; ta n t qu’il reste des hommes à tuer,,
ils ne pensent pas a u pillage. Aussi, quand une armée se compose
de Wahabites, on p e u t s’attendre à une chaude affaire,, et,,
bien qu’une hétaeombe de six ou sept; cents hommes sur u n
champ de bataille soit une bagatelle pour l’Européen habitué à
compter p ar milliers-les morts de Italaklava, ou par dizaines de
mille, ceux de, Solférino, elle p ara ît aux Arabes un sanglant
massacre. De pareils exploits sont réservés aux seuls Wahabites;.
Dans les rencontres o ù ils ne figurent pas, comme dans les
combats-des municipalités italiennes au moyen âgaou dans ceux
. de. la; longue, guerre civile anglaise, du dix-septième siècle*, le
nombre des morts et des blessés se réduit d’ordinaire à quatre
ou Ginq hommes.. Les progrès, de notre époque se so n t étendus-
mê’me à l’a rt de tuer,, et nous; avons- la- droit de dédaigner les.
procédés primitifs de nos pères ;. mais les Arabes, dans leu r simplicité
rétrograde, mettent toujours le sang humain, à, un plus
haut prix qu’il ne paraît en avoir dans notre Europe moderne.
Je reviens à l ’escarmouche qui a eu lieu devant nous.
Les cavaliers de Berevdali répondent à. la provocation de Fennemi
en s’avançant au galop les uns dans un sens, le s autres
dans un autre,,tandis que les Nedjéens, montés la p lu p a rt sur
des chameaux,, sont obligés d’attendre. Trois où quatre d ’entre
eux cependant ont un; cheval et s’avancent les premiers. Il en
résultedesmanoeuvres équestres fort curieuses* et u n e bruyante
fusillade, m a is les habitants de Boreydah, d’accord avec ceux:
d’Oneyzah, se sont promis que jamais leu rs balles ne blesse--
ra ien t un compatriote. Ils décrivent des: cercles semblables à
ceux des hirondelles qui tournoient su r u n lac, ju sq u ’à ce
qu'enfin les Wahabites, perdant patience, se décident à mettre
eu ligne un de leurs détachements pour finir cette ridicule: escarmouche:
Les Nedjéens, maintenant dix fois, p lu s nombreux,
que Les guerriers d’Oneyzah, doivent les accabler sans peine*;
aussi, ces derniers ju g e n t-ils à. propos de ne pas les- attendre ; ils
se retirent en bon ordre au milieu des bosquets, et longtemps
avant que leurs: ennemis, armés de l’antique fusil à mèche,
aient eu le temps de tire r, ils sont à l’ab ri derrière un, rideau
d’arbres. Le combat cesse donc, faute de combattants, mais les
héros deBereydah pensent le moment venu de faire éclater leur
bravoure; ils lancent leur cheval à.fond de train,, poussent: des
cris, déchargent leurs mousquets e t,ren tren t enfin, triomphaler
mentdans la ville après quatre heures d’absence-, «Les deux p artis
n’avaient eu heureusement aucune perte à déplorer,, » pour
me* servir des expressions qu’auraient certainement employées
les jou rn au x du lendemain, si le Kasim avait eu des jo u rn au x .
Aussitôt après le re to u r des vain q u eu rs, les habitants qui
s’étaient cachés dans leurs maisons, sortirent pour vaquer à
leurs affaires et les ru es rep riren t comme p a r enchantement
leu r aspect, accoutumé.