
rizon quand nous atteignîmes un vallon sablonneux, situé non
loin des palmiers de Feyd.
Cet antique village, dont il est déjà fait mention au sixième
siècle de l’hégire, dans les ouvrages du fameux Hariri, doit son
importance à la position qu’il ooeupe sur la route de Meshid-
Ali à Médine. Bien qu’il soit administré par un habitant du pays,
il reconnaît aujourd’hui l’autorité de Télal; mais ce prince n’a
pas coutume de prendre dans l'a capitale les gouverneurs des
districts éloignés. Sa politique en cela diffère complètement'de
celle du monarque wahabite, qui s’efforce de centraliser à Riad
toute la vie du royaume. Télal, au contraire, encourage le provincialisme
toutes les fois qu’il peut le faire sans danger, etnous
ajouterons que gouvernants et gouvernés paraissent s’en trouver
beaucoup mieux, quoique le système: opposé trouve en Europe
de nombreux imitateurs.
Néanmoins, comme il est souvent nécessaire de recourir à
l’autorité centrale, des délégués du prince sont chargés du règlement
des affaires importantes. Ainsi, des contestations s’étant
élevées entre les habitants de Peyd, et le chef local ayant été
impuissant à: rétablir le bon ordre, un officier de Télal venait
d’être envoyé dans la bourgade. A l’heure même où nous arrivions,
c’est-à-dire un peu après le coucher du soleil, les habitants
se réunissaient sur une petite place où le commissaire du
gouvernement se disposait à tenir sa cour de justice.
Dans un pays où les hommes de loi sont inconnus, où les
formes-judiciaires sont des plus simples, les procès criminels ne
traînent jamais en longueur: Le cadi du village, fonctionnaire
dont n’est jamais dépourvue la moindre localité arabe, et deux
ou' trois des principaux habitants, font: l’office de jurés, mais
leur jugement a une autorité plus morale qu’effective. L’envoyé
extraordinaire est à la fois; avocat de la couronne et juge
souverain ; dans les affaires où le gouvernement n ’est pas
en cause, lorsqu’il s’agit par exemple du meurtre d’un simple
particulier, l’accusation est soutenue par le plaignant lui-
même.
Le titre: de. cadi est loin de correspondre, dans la Péninsule, à
celui d é ju g é en Europe; contrairement à l’usage des autres
orientaux, les Arabes-désignent par ce terme plutôt un juriste
qu’un :magistrat. Nous entendîmes la sentence rendue par le tr ibunal
de Feyd, et nous eûmes même la curiosité d’assister, à
l’exécution de l’arrêt. La peine, exactement la même que, dans
nos Iles fidèles à la tradition, plus d’un éeolier reçoit de son
maître irrité, arrachait au délinquant des cris beaucoup trop
perçants pour un châtiment aussi léger.
Je dois ajouter que dans les affaires capitales, et même dans
tous les procès qui ont quelque importance, les formes de Injustice
arabe cessent d’être aussi primitives et aussi sommaires.
Les témoins prêtent serment, l’instruction dure plusieurs jours,
le droit d’appel d’un tribunal inférieur à une cour plus élevée,
voire même au monarque, ne se refuse jamais; et quand la sentence
définitive a été prononcée, l’exécution ne peut avoir lieu
avant un intervalle de vingt-quatre heures au moins; quelquefois
if s’écoule des' semaines et des mois; souvent ihy a commutation
de peine et même amnistie. Les princes les plus despotiques- de
l’Arabie ne pourraient violer impunément les garanties qu’ont
fait introduire la conscience et l’humanité, ni se permettre en
temps de paix-de condamner un homme à mort sans l’intervention
de la procédure légale. C’est encore là un trait de ressemblance
fort important entre le véritable Arabe et- I’Euro-
péen.
N o u s av io n s d é p o s é n o s b a g a g e s à l’e n tr é e d e l a b o u rg a d e .
Mais M o u b a rek p e n s a , e t s a n s d o u te il a v a i t r a is o n , q u ’a u m ilie u
d e g e n s a b s o rb é s p a r des q u e r e lle s e t d e s s e n te n c e s , n o u s a u r io n s
c o u ru le r is q u e d e f a ir e m a ig r e c h è r e . Dès-Bédouins S o lib a h é ta ie n t
ca-iûpés d a n s l a p la in e v o isin e ; n o u s n o u s d irig e âm e s v e rs l e u r s
t e n t e s , e t n o u s e ûm e s le p la is ir de v o ir u n e lé g è r e c o lo n n e d e
f u m é e , . in d ic e c e r ta in d 'o p é ra tio n s , c u lin a ire s -,. s;é le v e r v e r s le
cie l.
■ Comme presque tous lës; villages du hautKasim, Peyd se compose
de maisons fort basses; construites en te rre battue et groupées
sur une colline de sable haute de soixante pieds environ,
qui s’élève au milieu d’une vallée large et poudreuse. Des bou-
quetsd’itliel entourent les habitations; près desquelles s’étendent
de riants jardins; où prospèrent! le s courges; les melonsj le mais*
grâce à une abondante irrigation alimentée p a r les puits voisins;
dé nombreux dattiers,, qui plient maintenant sous1 le poids de
leurs fruits rougeâtres, quelques- abricotiers1 et' quelques pêchers
complètent le tableau. Des murs de brique peu élevés protègent