
de notre Algérie ne seront pas tentés de contredire le jugement
deM. Palgrave.
M. Palgrave, cependant, n’attend rien de la race arabe,
même de ses représentants les plus élevés, « tant que le
Coran et la Mekke n’auront pas disparu de l’Arabie. » A
ce compte il est à craindre que le progrès ne se fasse longtemps
attendre. Non que l’Arabe en général, au rapport
peut-être un peu fortement négatif de notre voyageur,
mette le moindre enthousiasme dans sa foi religieuse; mais
de la tiédeur, ou, si 1 on veut, de l’indifférence en matière
de religion à l’adoption d’une religion nouvelle, le pas
est difficile à franchir pour une nation. Et d’ailleurs cette
indifférence même devient une garantie de durée pour le
culte existant ; car ce n est pas le froid raisonnement qui
fait les révolutions religieuses, c’est l’enthousiasme et la foi
ardente.
Le mot « froideur religieuse » appliqué à la généralité
des Arabes, non pas seulement au Bédouin, signalé dès
longtemps comme ayant tous les droits à être enrôlé dans
la légion des libres penseurs, mais à tous les Arabes musulmans
presque sans exception, — ce mot, dis-je, nous
étonne quelque peu. Il est cependant impossible d’être plus
positif que M. Palgrave ne l’est à cet égard. C’est encore un
des points sur lesquels son expérience l’a conduit à des
conclusions grandement différentes des idées reçues.
Il y en a encore d’autres sur lesquels j ’aurais pu insister;
le lecteur saura bien les reconnaître et les apprécier. Je n ’ai
voulu que signaler quelques-unes des vues les plus saillantes
et des faits les plus nouveaux parmi ceux qui abondent
dans cette remarquable relation.
Vivien de Saint-Martin.