
sidr. Le premier, qui atteint une h auteur considérable, étend
au loin ses branches épineuses, ses feuille*rares et arrondies;
le second est un grand arbuste couvert de petites feuilles
ovales d’un v ert éclatant; le troisième, petit arbre élégant,
appartient à la famille des acacias. Le ta lh croît aussi sur les
hautes te rre s , mais l ’ithe l, sorte de mélèze fort abondant en
Arabie, et qu’on ne trouve nulle p a rt ailleurs, préfère les vallons
et les pentes sablonneuses.
Le long de ce plateau, qu’elles coupent à angle aigu, courent
de larges vallées formées de calcaire e.t de sable. L e a u j . est
toujours abondante, il suffit ordinairement pour l’o b te n ir, de
creuser la te rre auprès de certaines petites collines coniques
qui semblent placées là par la nature pour indiquer à 1 homme
ou il trouvera l’eau, condition première de la fertilité.
Ces monticules sont trop fréquemment placés dans le voisinage
des réservoirs souterrains pour que ce soit l’effet du h a s a rd , et
cependant, je ne saurais expliquer la raison d’un tel rapprochement.
Les c o l l i n e s dont je parle, beaucoup trop basses pour
jouer le rôle des montagnes en attiran t à elles les vapeurs e t les
nuages, paraissent n e pouvoir servir qu’a indiquer la présence
de l ’eau, e t cependant elles ne-sont certainement pas 1 ouvrage
de la main des hommes. J ’a i vu parfois des puits auprès desquels
ne se trouvaient pas ces petits monticules, mais je ne me
rappelle pas avoir jamais rencontré un seul de ces tumuh solita
ire s qui fût dépourvu d’u n Téservoir d’eau. Ce caprice de la
nature n’est pas particulier à l’Arabie, je f a i observé dans es
plaines de la Coelé-Syrie entre le Liban et 1 A nti-Liban, e t,p u
souvent encore dans le désert de Damas qui offre quelque re s semblance
topographique avec la Péninsule.
Le HautKasim ren ferm e, si je suis bien informé, une quarantaine
de villages dont la population varie de cinq cents âmes
à trois mille; la province entière compte vingt-cinq ou trente
mille habitants, chiffre peu considérable eu égard à 1éteni^
son te rrito ire . Nous traversâmes huit bourgades et nous fîmes
halte dans quatre au tre s localités. Chaque village est environne
de bosquets de dattiers , de jardins, de cultures, qui se p ro longent
au loin dans la vallée sablonneuse, comme u n frais
bouquet su r le fond jaune d’un tapis. Les champs sont fertihsés
p a r une série de p u its , qjii indiquent la direction de quelque
nappe d’eau souterraine. Un nouveau puits creusé à l’orient
diminue presque to u jo u rs, m’a-t-on d it, l’approvisionnement
de ceux qui sont situés au couchant ; ce phénomène semble
prouver que la Péninsule Arabie s’abaisse du côté de la mer
Rouge.
D’après mes observations personnelles, le point culminant du
haut plateau compris entre le Djowf et la plaine que nous traversions,
doit se trouver dans la direction de l’est, à soixante
milles environ d’Hayel ; s a longitude correspondrait à celle de
la,partie la plus haute du Djebel Toweyk, dont les steppes for-
m e n tle Nedjed méridional. S’il en est ainsi, l’arête principale
de l’Arabie s’étendrait, dunord-nord-ouest au sud-sud-est, entre
le 45° et'le46° longitude de Greenwich (43° et 44°deParis),etle29°
et le 24° latitude nord. Sa plus grande altitude est aux environs
de Djeladjil, dans la province de Sedeyr ; à p a rtir de ce point, elle
diminue de hauteur jusqu’à ce qu’elle vienne s e perdre dans le
désert du Sud.
De chaque côté de cette puissante arête, l’Arabie s ’incline vers
les rives du golfe Persique, de la mer Rouge, de l’océan Indien ;
l’abaissement graduel du sol est cependant interrompu par les
chaînes latérales de l’Adja, du Solma, du Toweyk et du Dowasir,
sans parler des montagnes qui bordent les côtes et atteignent
parfois à une grande élévation dans l’Hedjaz septentriona l, le
Djebel Asir, l’Yémen, l’Hadramaut e t l’Oman.
J ’ai visité le district du Djebel Toweyk, une grande partie de
celui du S h omer, et tout m’a paru confirmer l’hypothèse que
j ’émets su r la configuration générale de la Péninsule. Je puis
aussi p a rle r des côtes en connaissance de cause, car j ’en ai p a rcouru
les-deux tie rs ; mais n ’ayant pas eu l ’occasion d’explorer
l’angle nord-oriental de l’Arabie, j ’ai dû me contenter des informations
qui m’ont été fournies p a r les indigènes, les trafiquants,
les voyageurs ; la connaissance pratique qu’ils ont acquise du
sol donne du reste à leurs assertions un certain degré d’autorité.
Nos deux compagnons de route, les marchands de Bassora,
me firent connaître plusieurs faits qui confirment mes suppositions.
Ainsi, ils m’ap p riren t que le sol est généralement élevé du
Kasim à Bassora, que le pays devient de plus en plus sté rile , et
l ’eau, de plus en plus r a r e ,—indication infaillible de la hauteur
du plateau, — ju sq u ’à une distance d’environ quatre-vingts