
reçut le serment des Sherarat, et leur adressa quelques paroles
bienveillantes - sans toutefois leur apprendre la conduite qu’il
comptait tenir envers eux et envers leur tribu. Avant de leur
donner sa réponse, il voulait les garder quelques jours pour leur
laisser le temps d’admirer la somptueuse hospitalité du palais
et d ’être plus éblouis encore par l’appareil imposant de la majesté
royale.
« L’intelligence de l’Arabe est dans ses yeux, » dit un proverbe
fort répandu dans la Péninsule. L’Arabe en effet, le Bédouin surtout
juge des choses d’après l’apparence; il a le jugement superficiel,
les impressions:.vives et mobiles d’un enfant. Un vaste
château, des pièces d’artillerie, un pompeux déploiement militaire,
des soupers copieux, du bruit et de la foule, voilà les arguments
les plus capables d’inspirer aux nomades la crainte et
le respect; il ne leur viendra jamais à l’esprit de demander si les
canons sont en état de servir, si l’armée est fidèle, le revenu du
trésor assuré, le repas sain et d’une facile digestion. Télal profite
habilement de ces faiblesses, et c’est à une connaissance
profonde du caractère arabe qu’il doit sa haute fortune.
D’autres affaires d’une moindre importance succèdent à la présentation
des chefs; le roi se lève ensuite; suivi de Zamil, de Mohammed,
de Saoud, général en chef de sa cavalerie, il se dirige
lentementvers l’extrémité de la place contiguë au marché. Seyf
vient .vers mous et nous invite à le suivre.